Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un one-woman-show aussi bien construit. Entre le spectacle entièrement autofictionnel qui peine à se renouveler et les tiroirs à vannes accumulées au fil des plateaux de stand-up, il n’est pas toujours simple de trouver le bon équilibre. Dans Nickel, Mélodie Fontaine offre une masterclass du genre avec un show ubuesque qui évolue crescendo. Entre deux anecdotes personnelles, la comédienne présente une délirante kermesse de personnages et nous ballotte sans jamais nous perdre du plus pur quotidien aux confins de l’absurde.
Construit en trois parties bien définies, mais habilement tissées entre elles (“Oulala l’enchaînement !”), le spectacle s’ouvre timidement sur quelques déconvenues de la vie de comédienne. Puis, voici qu’elle campe tout en souplesse une série de persos mi-cassos mi-héros, croqués et incarnés sans complaisance ni suffisance. Si l’on croit avoir atteint le climax en arrivant chez un obscur voyant où rôdent un chien frotteur et les esprits de vieux peintres mexicains, le meilleur (c’est-à-dire le pire) reste à venir.
Car le dernier personnage de cette cruelle cour des miracles, c’est elle, et les anecdotes les plus folles, ce sont les siennes. Crue sans être vulgaire, l’humoriste raconte dans une dernière partie comment une longue et traumatique agonie de 46 heures (aka son accouchement) lui a appris à se débarrasser de toute pudeur. Là, on est vraiment à deux doigts (vous verrez pourquoi) de se pisser dessus.