Dans la nuit du 25 avril 2024, les célèbres ailes du Moulin Rouge sont tombées. Dans un fracas nocturne, le symbole du cabaret s’effondre sur le bitume de Clichy, laissant derrière lui une façade orpheline et des habitués incrédules. Coup dur ? Peut-être. Fatalité ? Jamais. Ici, on ne laisse pas le rideau tomber si facilement. À peine au sol, déjà en reconstruction, les ailes ont vite retrouvé leur place, tournoyant de nouveau sous les lumières de Pigalle.
Au cours de ses 135 ans d’existence, le Moulin Rouge a vu des stars du showbiz, artistes de music-hall, acteurs et têtes couronnées passer ses portes. Les posters de Toulouse-Lautrec et les lampadaires lui confèrent un style kitsch qui a indéniablement contribué à sa popularité auprès des touristes. Le Moulin Rouge est aussi un lieu emblématique pour les Parisiens, plus habitués à la scène de la Machine qu'aux fastes de ce temple du cabaret.
19h pétantes, e n cuisine, ça s’active sévère. Les fourneaux crachent leur feu sacré, les commis cavalent, les assiettes s’alignent comme à la parade sous l’œil acéré du chef, grand ordonnateur de ce ballet bien huilé. En salle, même tempo. Ça débouche, ça trinque, ça claque des verres dans un joyeux fracas de bulles et de cristal. Ici, la gastronomie joue en première partie du spectacle, et pas question de servir du tiède. Chaque assiette est taillée pour épater la galerie : des produits sourcés chez les cadors du terroir, des légumes cueillis à la bonne saison, une carte qui évolue au gré des caprices du calendrier. 850 places, une ambiance feutrée mais électrique, et une brigade de 120 as du service qui virevoltent pour que tout roule sans accroc.
Derrière le rideau rouge et les néons clinquants, ça s’agite en coulisses. Ici, pas d’impro. Les danseurs et danseuses du Moulin Rouge ont fait leurs classes : classique, jazz, hip-hop, trois disciplines martelées à la barre et répétées des centaines de fois avant d’avoir le privilège de fouler cette scène mythique. Trois semaines de répétitions intenses, des heures à affiner chaque pas, à synchroniser chaque mouvement. Le cancan ne pardonne pas, et sous les projecteurs, seuls la rigueur et l’endurance transforment l’effort en magie.