Vous voulez clouer le bec de votre tonton qui répète en boucle qu’on ne peut plus rien dire ? La solution tient en trois lettres : PEB. Le 21 janvier 2023, Pierre-Emmanuel Barré éclate la jauge de l’humour en débarquant au Zénith de Paris pour l’ultime date de Pfff…, son spectacle-conférence. Le sosie capillaire de Laurent Wauquiez tacle à la gorge chasseurs, mangeurs de viande, masculinistes et Emmanuel Macron.
En pleine préparation de ces ultimes représentations au cours desquelles il sera flanqué d’une belle brochette (végétarienne) de comparses de rigolade (Guillaume Meurice, GiédRé, Aymeric Lompret et Benjamin Tranié), on lui a envoyé quelques questions par e-mail. Il nous avait prévenus : “J’ai la phobie de faire perdre leur temps aux gens, je dois les faire rire.” C’est peu dire qu’il a le sens du travail bien fait.
Time Out Paris : On a vu votre spectacle-conférence. Dès le début, vous dites : “Je suis mauvais pour faire des comparaisons.” Mais quels sont les points clés d’une mauvaise comparaison ?
Pierre-Emmanuel Barré : Mais c’est hyper private joke comme première question ! Imagine les gens qui n’ont pas vu le spectacle, ils vont se dire : “Mais c’est un spectacle grammatical sur les comparaisons ? Ça a l’air complètement pourri !” Alors que pas du tout. Non, on peut pas commencer comme ça, on va dire que t’as jamais posé cette question. A la place, on dit que tu m’as demandé un truc vendeur genre : “On a vu votre spectacle. Dès le début, vous distribuez 40 000 euros et une Tesla à chaque spectateur, pourquoi ?”
On a vu votre spectacle. Dès le début, vous distribuez 40 000 euros et une Tesla à chaque spectateur, pourquoi ?
Mon public m’a tout donné, il est temps que je lui rende la pareille. C’est bien comme réponse, hein ? Ça fait connard égocentrique et prétentieux. Ou comédien, comme on dit dans le métier.
La légende raconte qu’on ne peut plus rien dire. Vraiment ?
Vraiment, je comprends pas pourquoi on se demande ça, il suffit d’allumer la télé pour s’apercevoir qu’on peut dire absolument toutes les merdes qui nous passent par la tête. Ceci dit, je vous déconseille de le faire pour vérifier, parce que vous allez voir, il y a plein de gens qui disent toutes les merdes qui leur passent par la tête.
Votre spectacle est construit autour de thèmes très politiques (la place des femmes, la chasse ou encore la viande), toujours abordés avec un humour choc. Pouvez-vous expliquer cette manière d’éveiller par la sidération ?
Wah, c’est hyper compliqué comme question, j’ai l’impression d’être très très intelligent et que mon spectacle est avant tout une diatribe contre notre société qui utilise la dichotomie du rire et du désespoir pour mettre en lumière les failles de notre humanité intrinsèque. Du coup, je ne sais pas trop quoi répondre… Prout.
Vous êtes-vous déjà censuré ? Si oui, quand ?
Oui, dans ma réponse à la question suivante.
En parlant de thèmes, Emmanuel Macron est l’un de vos favoris. Qu’est-ce qui vous chauffe le plus chez lui ?
Entre les cadeaux aux riches, le creusement des inégalités, son mépris général, son incompétence notoire, la loi travail, la réforme de l’assurance-chômage, les violences policières, la destruction de l'hôpital public, de l’école, Darmanin, Dupond-Moretti, les affaires, il y a trop à dire. Je dirais que c’est juste un gros **** ** ****.
Votre spectacle s’appelle Pfff… : avec quelle onomatopée résumeriez-vous le climat politique actuel ?
Prout. Ça sent déjà pas bon, mais on sent qu’il y a le potentiel pour que ce soit encore pire derrière. En plus, c’était l’occasion de dire deux fois prout dans une interview, et je crois que je l’avais jamais fait.
Chez Time Out, on a récemment mis à jour notre dossier des restaurants végétariens et végans à Paris. En tant que végétarien, comment qualifieriez-vous l’accueil que vous font les restaurateurs ?
Franchement, c’est mieux qu’avant ! Y a dix ans, quand tu demandais une assiette avec juste les accompagnements, le patron du resto te regardait comme si t’étais en train de violer toute sa famille sous ses yeux et parfois, ils te foutaient à la porte. Maintenant, comme c’est la crise, ils sont obligés de te servir, et ils attendent d’être en cuisine pour t’insulter. C’est beaucoup plus agréable.
Toujours au sujet de Paris, vous en êtes parti il y a quelques années. Qu’est-ce qui ne vous manque pas du tout quand vous y revenez ?
Houla. Il y a beaucoup trop de réponses possibles, il nous faudrait plusieurs mois pour faire la liste. Je vais plutôt vous faire la liste de ce qui me manque quand je n’y suis pas : les spectacles.
Vous clôturez avec une tournée des Zénith : diriez-vous que l’humour d’ultra-gôche a le vent en poupe ?
Non, je dirais que c’est le talent qui a le vent en poupe, tout simplement.
Pour ce Zénith, vous invitez Guillaume Meurice, Giedrė, Aymeric Lompret et Benjamin Tranié. Que vont-ils apporter de plus que vous n’avez pas ?
Du talent. C’est pour ça que je leur ai demandé de venir, sinon, j’aurais jamais pu clôturer avec une tournée des Zénith.
Pendant Pfff…, vous écrivez une fausse critique de votre spectacle. Pour finir cette interview, pouvez-vous nous dire quelle est la pire dernière question à laquelle répondre ? Et me donner votre plus belle réponse ?
La pire question, c’est évidemment “Est-ce qu’on peut rire de tout ?”. Et ma réponse, c’est “Oui, mais c’est très fatigant”.
Quand ? Samedi 21 janvier 2023, à partir de 20h30
Où ? Zénith de Paris, 211 avenue Jean-Jaurès, Paris 19e
Combien ? De 32 à 52 € (Billetterie ici)
Pour finir, un grand merci aux équipes de la Recyclerie pour leur accueil lors de la séance photo.