LIFI

Où faire de l'impro à Paris ?

Tour d'horizon des ligues d'improvisation pour tous ceux qui voudraient monter sur les planches sans avoir à apprendre des vers par cœur

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Deux équipes de six joueurs avec un coach chacune, un arbitre accompagné de deux assistants et une mini-patinoire en bois. Parodie du hockey sur glace née à la fin des années 1970 au Canada, le match d'improvisation se pratique avec trois fois rien. « C'est une forme de théâtre très démocratique, où chacun peut trouver sa place, quelle que soit son expérience théâtrale », affirme Nadine Rubeus, directrice de production de la Ligue d'Improvisation Française d'Ile-de-France (LIFI). Si dès 1987 cette structure professionnelle introduit en France cette pratique théâtrale, celle-ci tarde pourtant à être reconnue à sa juste valeur.

Longtemps considérée comme le parent pauvre de l'art dramatique, l'impro connaît depuis quelques années une belle envolée.

Liberté, égalité, improvisez !

Selon Nadine Rubeus, la présence de François Hollande à la finale du Trophée d'Impro Culture & Diversité en 2014 n'est pas étrangère au phénomène. La même année, on entendait parler en haut lieu du projet d'inscrire l'improvisation théâtrale au programme du collège. Jamais deux sans trois : la journaliste Mélissa Theuriau – et épouse de Jamel Debbouze, révélé dans les années 1990 grâce à l'impro – réalisait en 2014 le documentaire ‘Liberté, égalité, improvisez !’ où l'on suit les progrès en théâtre de quelques collégiens d'une cité bordelaise. « Depuis, la demande ne cesse d'augmenter », observe la directrice de production de la LIFI.

L'offre suit le mouvement.

A Paris comme ailleurs, les structures existantes ouvrent des cours supplémentaires et de nouvelles ligues voient le jour. Si bien qu'il est de plus en plus difficile de s'y retrouver. D'autant plus que beaucoup portent des noms similaires. Qu'elles soient professionnelles ou non. Que leurs professeurs aient ou non une activité théâtrale hors des cours d'impro, ce qui selon Nadine Rubeus fait la différence entre enseignement de qualité et offre plus commerciale. Pour improviser au mieux, un petit guide s'impose !

Tout pratiquant ou spectateur de théâtre d'improvisation la connaît. Au moins de réputation. Et pour cause : créée en 1987, la Ligue d'Improvisation Française d'Ile-de-France (LIFI) est l'une des plus anciennes et importantes ligues d'improvisation professionnelles dans le monde. Tous riches d'une double pratique du théâtre classique et d'improvisation, la dizaine de formateurs de la LIFI proposent un enseignement complet.

L'art de la repartie.

« L'impro faisant appel à un large spectre de jeu, nous tenons à ce que nos formateurs puissent accompagner les élèves dans leur parcours », explique Nadine Rubeus, directrice de production de la LIFI. Loin du stand up auquel confinent certains matchs d'impro, la LIFI défend une certaine élégance dans l'invention. Un art de la repartie qui puise autant dans la culture populaire que dans Shakespeare, Molière ou Marivaux.

Formatrice à la LIFI, la comédienne Jocelyne Isaac insiste aussi sur la dimension collective de l'impro pratiquée à la Ligue. « En atelier aussi bien qu'en match, nous cherchons avant tout à construire de belles impros, où chacun met sa pierre à l'édifice. »

Pas de compétition, donc, mais de l'échange. De l'écoute.

« Si un coach donne des directions aux comédiens, chacun est un peu son propre metteur en scène. Chacun prend des risques. Il est donc important d'installer un climat de confiance entre les élèves. » A la LIFI, impro n'est pas seulement synonyme de loisir : c'est une pratique vectrice de valeurs fortes. Ce n'est pas pour rien que la structure s'engage depuis 2010 dans le Trophée d'Impro Culture & Diversité, trophée national inter-collèges de matchs d'improvisation théâtrale. « Dans des établissements en difficulté, l'impro peut faire des merveilles », affirme Nadine Rubeus.

De septembre jusqu'en mai, les élèves se retrouvent une fois par semaine dans les locaux de la LIFI, dans le 19e arrondissement, pour des ateliers de deux heures et demie. Avec deux spectacles par an pour les débutants, trois pour les confirmés, la LIFI offre la possibilité de se confronter rapidement à la scène. Un stage par mois permet aussi à qui ne peut s'engager sur la durée de pratiquer. 

Où ? Partout en Ile-de-France
Comment les contacter ? Par téléphone au 01 43 49 69 39

Avec 420 élèves, une vingtaine de formateurs et vingt ateliers de trois heures par semaine, l’Ecole Française d'Improvisation Théâtrale (EFIT) est l'une des plus grosses machines d'impro de la capitale. Fondée en 2006 par les comédiens Esteban Perroy et Franck Porquiet, elle a tout pour répondre aux attentes de chacun. Débutant ou confirmé, travailleur forcené ou oisif, timide ou décomplexé. Formées pour la plupart au sein de l'EFIT elle-même – l'école propose aussi une formation professionnelle –, les personnes qui dirigent les ateliers sont également comédiens.

« Technicité. Energie. Bienveillance. » 

Plusieurs d'entre eux jouent par exemple dans le spectacle Colors, un des spectacles d'impro de référence qui a lieu au théâtre du Gymnase depuis neuf ans.

Esteban Perroy a le sens du slogan. Sans même qu'on le lui demande, il énonce les trois mots clés de sa formation : « Technicité. Energie. Bienveillance. » Structurée autour de ces trois pôles, la méthode d'enseignement qu'il a mise au point il y a quinze ans s'affine affine chaque année au contact de son équipe et de ses élèves. « En impro, les envies des élèves influencent beaucoup nos manières de transmettre », dit-il. L'EFIT a donc beau être une grande structure, l'attention portée à chacun est la même que dans des ligues de taille plus réduite. « Chaque atelier est une petite famille. De huit à dix-huit personnes pour les amateurs, les groupes sont très soudés et entretiennent avec leurs formateurs des rapports privilégiés. »

Une approche régulière de la scène, dès la première année d'impro.

Chaque année, les élèves peuvent jouer entre trois et six fois dans des lieux et contextes variés. A l'EFIT près d'Opéra, au théâtre du Gymnase, dans des cabarets, en matchs d'impro en province et même une fois par an à l'étranger. « Energie », dit-il !

Où ? Les cours ont lieu au Complexe Saint Roch au 35 ru Saint-Roch, Paris 1er
Comment les contacter ? Par mail improvisons@gmail.com ou par téléphone au 06 85 35 35 82

© EFIT / COLORS

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Le monde de l'impro n'est pas si grand qu'il y paraît. Au Cours Florent, le créateur de l'option Improvisation connaît très bien Esteban Perroy de l'Ecole Française d'Improvisation Théâtrale.

Une réputation internationale.

Ils ont fait partie de la même troupe, Commedia, née à l'occasion d'entraînements informels puis d'un tournoi au Bataclan, haut lieu de l'impro de l'époque. Mais c'est au Cours Florent que David Garel dit, sur le site de l'école pluridisciplinaire à la réputation internationale, être « né artistiquement ». Après s'être formé au sein de cette dernière, et y avoir enseigné dans le cadre de la formation Jeunesse et aux adultes comme professeur d'interprétation de première année, il réussit à y introduire sa pratique de prédilection. L'impro.

Stages d'impro.

Si l'option Improvisation n'est accessible qu'aux élèves de l'école, les stages courts d'été et de Noël sont ouverts à tous. Sur trente-cinq ou trente-neuf heures, David Garel fait un tour d'horizon des principales techniques de l'impro. L'occasion aussi, pour qui songe à une carrière théâtrale, de tester ses capacités et motivations.

Où ? 37/39 avenue Jean-Jaurès, Paris 19e
Comment les contacter ? Par téléphone au 01 40 40 04 44

Photo d'illustration © Christian Bertrand

« On s'présente, on est la LUDI / On aimerait, une fois dans not'vie / Une victoire ! / Etre une star sur la patinoire / Traiter l'arbitre de... » Début de l'hymne de la Ligue Universitaire d'Ile-de-France, cette réécriture de ‘Chanteur’ de Daniel Balavoine introduit la structure mieux que n'importe quel discours.

Née en 1996, cette structure basée à Jussieu, soutenue par les universités Pierre et Marie Curie (Paris 6), Paris Diderot (Paris 7) et Sorbonne Nouvelle (Paris 3), est LA Ligue idéale pour les étudiants et jeunes d'Ile-de-France. D'un point de vue économique, d'abord. Si les tarifs pratiqués par la plupart des ligues et écoles sont relativement élevés, la LUDI, elle, propose une adhésion à 120 € par an.

La moins chère de Paris, voire de France. Elle est donc très prisée.

Le nombre de membres par an étant limité à 90 environ, il est conseillé d'envoyer sa candidature au plus tôt, afin de participer aux ateliers de sélection organisés chaque mois de septembre.

Car contrairement aux autres structures de notre sélection, la LUDI n'est pas seulement une formation. Si ses membres bénéficient de l'enseignement d'une vingtaine d'intervenants aux profils variés, ils forment aussi une ligue d'improvisation au sens historique du terme. A savoir une association de comédiens, qui se produisent régulièrement dans des spectacles.

Plus qu'un loisir, une passion.

« Essentiellement des matchs d'impro, mais aussi des catchs, des cabarets et de façon plus occasionnelle, des formes longues », expose Hugo Salmon, vice-président et responsable des formations de la LUDI. On ne s'engage donc pas dans la Ligue sans avoir du temps à lui consacrer. Autant pour jouer que pour participer à l'organisation des événements annuels de la LUDI.

Une trentaine au total, des matchs confidentiels dans des salles de la fac de Jussieu à leur tournoi junior international, en passant par les matchs publics au Café de Paris chaque premier jeudi du mois. « Plus qu'un loisir, l'impro est pour nous une passion », affirme Hugo. 

Où ?
Divers lieux à Paris et en Ile-de-France 
Comment les contacter ?
Sur leur site ou via leur forum 

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Parmi les nombreuses activités proposées par la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs (MPAA), l'improvisation occupe une place un peu à part.

Depuis l'ouverture en 2011 de la MPAA Saint-Blaise, dans le 20e arrondissement, sont organisées une fois par mois des « impro-sessions », soirées d'impro encadrées par les comédiens professionnels Maud Landau et Laurent Jacques. « La formule n'était pas au départ destinée à être reconduite. Elle a eu tant de succès qu'elle est vite devenue une de nos institutions », explique Guillaume Descamps, directeur de la MPAA. Gratuits, ces ateliers de trois heures réunissent trente personnes de tous âges et niveaux de pratique théâtrale.

« On vient donc y passer un moment convivial. »

Selon Guillaume Descamps, les impro-sessions peuvent aussi bien être suivies indépendamment de tout autre pratique artistique, que parallèlement à des cours de théâtre ou d'impro plus classiques. « Ces ateliers n'ont aucune finalité de représentation publique. On vient donc y passer un moment convivial – chacun amène à boire ou à manger, pour un repas partagé à la fin de la séance – sans aucun esprit de compétition. » C'est aussi sans doute un des cours d'impro les plus variés si on considère le public.

Réservez bien en avance ! 

La MPAA travaillant avec de nombreuses associations, on y rencontre tous types d'amateurs de théâtre. Des membres de la compagnie Les Toupies par exemple, qui travaille avec des adultes en situation de handicap. A chaque séance, un noyau d'habitués se mêle à de nouveaux arrivants. Pour avoir la chance d'en faire partie, il est conseillé de réserver au moins un mois à l'avance. 

Où ? 37/39 rue Saint-Blaise, Paris 20e
Comment les contacter ? Par mail  saint-blaise@mpaa.fr ou par téléphone au 01 46 34 94 90 

© Lorenzo Brondetta

Né en 1931 à Rio de Janeiro, Augusto Boal a laissé une empreinte durable dans le monde théâtral. Pour preuve, entre autres, un des rares théâtres du 12e arrondissement à Paris : le théâtre de l'Opprimé. Drôle de nom pour un lieu dédié à l'improvisation, direz-vous. Certes. Si impro il y a ici, elle n'a rien à voir avec les matchs pratiqués par les héritiers français de Robert Gravel.

Théâtre intéractif

Imaginé par le metteur en scène et dramaturge brésilien entre les années 1960 et 1970, le théâtre de l'Opprimé est le nom d'une forme de théâtre interactif qui vise à lutter contre toute forme d'oppression.

Aujourd'hui répandue dans le monde entier – jusqu'aux camps de Beyrouth et ceux de Calais –, cette méthode est enseignée dans le petit théâtre parisien lors d'ateliers hebdomadaires et de stages.

Dans le théâtre d'Augusto Boal, politique ne rime pas avec ennui. Ni avec didactique. Surtout pas dans le Théâtre Forum, forme la plus connue du théâtre de l'Opprimé, qui repose en grande partie sur l'improvisation.

La technique Boal

Dans un atelier intitulé cette année « Du texte au Théâtre Forum », les élèves se familiarisent avec une technique tendue vers le public. Et vers le conflit. « Notre but n'est pas d'exhiber des émotions, mais de créer des fleuves en mouvement, de créer une dynamique. Le théâtre est conflit, lutte, mouvement, transformation, et non simple exhibition d'états d'âme », disait Augusto Boal. Tout un programme.

Où ? 78 rue du Charolais, Paris 12e
Comment les contacter ? par mail contact@theatredelopprime.com ou au téléphone au 01 43 45 81 20

© Florian Sitbon 

 

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