C'est un soir un peu particulier à Avignon. Alors que les supporters s'amassent devant des écrans géants et des pintes bien fraîches, Patrick Chanfray entre. Le jeune homme étranglé par un nœud papillon grimpe sur la scène avec un sourire immense. Il faut dire que l'affaire n'est pas banale, première du festival et équipe de France en demi-finale, dans la salle du Palace, on ne compte qu'une poignée de spectateurs.
Maître de la situation, le sourire toujours collé au visage, il en profite pour échanger quelques vannes, claquer la bise et retenir les prénoms de son public à taille réduite. Ce sont probablement ces premières minutes qui sont les plus probantes. Elles qui témoignent réellement du sens de l'humour clownesque et de la repartie de Patrick Chanfray. 'Sont seuls en scène' débute ainsi dans une sorte de malaise drolatique puisqu'il consiste à attendre une seconde personne qui ne viendra évidemment jamais et qui n'existe probablement pas. Patrick n'est pas seul, mais seuls. Une situation cocasse qui offre l'occasion de sketchs narrativement accidentés où l'on n'entend par exemple que la moitié des dialogues. Ne cherchez pas de fil, tout est décousu.
Une heure dix sans queue ni tête où il est question de Clermont-Ferrand, de tonton Didier, du vibreur de son téléphone, d'un enterrement et d'une lettre d'amour. Le tout parsemé de vannes bien senties et de jeux de mots bien trouvés. De quoi parle le spectacle ? On ne sait trop, mais une chose est sûre, le personnage est terriblement attachant dans sa maladresse, ses mimiques et sa timidité. Un cancre prévertien, en somme.