Critique

Remote Paris

5 sur 5 étoiles
  • Théâtre
  • Recommandé
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Time Out dit

Après Avignon en 2013, la performance déambulatoire de Stefan Kaegi débarque à Paris, cet été. 

> Départ devant l'entrée Gambetta du cimetière du Père-Lachaise.

Nous avions assisté à 'Remote Avignon', notre avis sur le spectacle : 

C'est pour l'instant notre plus belle après-midi avignonnaise. Une promenade guidée en groupe de cinquante festivaliers dans les rues pavées de la Cité des papes, de la rue de la Carreterie à la place de l'Horloge.

C'est coiffé d'un casque dans le cimetière Saint-Véran que 'Remote Avignon' débute. Une pièce dont vous êtes le héros, du théâtre interactif comme il en existe trop peu dans nos contrées. Mis en scène par Stefan Kaegi, le principe est simple : on se laisse guider par une machine, une voix artificielle élaborée à partir de 2 000 voix féminines. Un langage composé syllabe par syllabe et programmé pour que l'on trouve son chemin ensemble (en groupe de cinquante, donc) à travers la ville d'Avignon.

Il va sans dire qu'il ne s'agit pas d'une banale excursion et que la voix ne nous indique pas seulement les directions à prendre. Elle nous invite à observer le monde qui nous entoure avec soin. Différentes pauses sont ainsi aménagées tout au long du parcours pour que l'on puisse se regarder les uns les autres, cueillir la ville en action ou encore réfléchir à des questions métaphysiques et même morbides : « Qui de vous mourra en premier d'un cancer ? », interroge la voix. Au carrefour entre la promenade et le flashmob, la pièce de Stefan Kaegi nous convie à nous projeter dans le futur, à questionner notre rapport ambigu à la machine (caisses enregistreuses, voitures) autant que la fugacité de nos vies. Le parcours commence ainsi devant une pierre tombale, puis nous propose par exemple, alors que nous sommes assis dans un amphithéâtre universitaire, d'écrire sur un rectangle de papier « ce que nous voudrions qu'il reste de nous après notre mort ».

Une invitation à la réflexion un poil macabre, mais qui en multipliant les perspectives (individuelles et collectives) nous propose pour une fois de penser le spectacle plutôt que de simplement y assister. Alors évidemment, pour certains il n'y aura pas assez « d'actions » dans la ville, avec les passants ou entre spectateurs, mais le but n'est pas de nous faire sortir de notre bulle mais de nous offrir un espace protégé pour nous faire penser à l'impact de la technologie sur nos rapports avec les autres, sur nos désirs, nos comportements. Et parce que le spectacle se déroule dans la  « vraie » vie, dans une « vraie » rue hors de la vie des théâtres, certains s'écrasent aux portes du spectacle. Une serveuse qui nous demande de consommer ou de partir, un gendarme qui nous somme de laisser de la place autour d'un SDF malencontreusement en plein milieu du décor imaginé par les metteurs en scène... Des petits rappels du monde extérieur qui n'auront presque aucun impact sur les participants tant la concentration est puissante au sein de la « horde » créée par la voix.

Arrivés à destination, courbés par la distance parcourue et par la chaleur écrasante, il reste encore en nous une foule de questions à étudier et de multiples chemins à arpenter. Car si les casques audio ont été rendus, l'expérience, elle, est bien loin d'être finie.

Infos

Site Web de l'événement
www.quartierdete.com
Adresse
Prix
10 €
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