Critique

Richard III

4 sur 5 étoiles
Après Avignon, le 'Richard III' de Richard Ostermeier s'invite à l'Odéon.
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Time Out dit

On ne voit que lui. Richard III, monarque sanguinaire et pervers narcissique notoire. Il traîne son pied bot sur une avant-scène circulaire couverte d'un sable terreux et de confettis dorés, le dos déformé par une bosse, un casque en cuir lui encerclant la boîte crânienne. Il est beau mais moche, vénéneux, attirant, terrifiant. Tout ça à la fois. Derrière lui, le décor de Jan Pappelbaum fait d'échafaudages est aussi austère et sombre que la cour d'Angleterre de cette époque. La musique rock est lancinante, la batterie installée à cour vrombissante et l'espace scénique aussi noir que l'âme du personnage éponyme. Vous vouliez un Shakespeare, un vrai ? Vous voilà servis. Point d'histoire d'amour et de badinages, ici il est question de pouvoir et des pires crimes pour l'obtenir. Comme un Franck Underwood version 'Game of Thrones'.

Thomas Ostermeier, metteur en scène berlinois adulé du public français, ne recule devant rien, et sûrement pas devant Richard III. Personnage ténébreux auquel il déroule un tapis rouge baigné de sang, recouvert de cadavres et de boue. Oui, on ne verra que lui sur le plateau, et son interprète prodigieux Lars Eidinger. Jamais avare d'apartés avec le public, à la fois irrésistible, fou et machiavélique, l'excellent Lars Eidinger s'approprie avec virtuosité le cruel Richard III.

Envoûtant, tantôt allongé le visage blême (crème ?), tantôt pendu au-dessus des spectateurs médusés, il hypnotise les plus assoupis. Si la mise en scène de Thomas Ostermeier ne laisse pas un souvenir impérissable (si ce n'est une impression de cohérence), sa direction d'acteur est, quant à elle, inoubliable de finesse et de folie. Préparez-vous juste à garder le visage de Lars Eidinger en empreinte rétinienne.  

Infos

Site Web de l'événement
www.theatre-odeon.fr
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