Dans l’imaginaire commun, le spectacle de fin d’études rime souvent avec production bancale et décor en carton. Il est donc temps de changer les idées reçues et de détrousser les clichés en allant de ce pas applaudir la création de la 28e promotion du CNAC (Centre National des Arts du Cirque). Rappelez-vous, l’an dernier, nous étions tombé sous le charme de la 27e troupe qui signait alors avec Alain Reynaud un spectacle (‘Avec vue sur la piste’) joyeux et touchant. En janvier 2017, c’est avec ‘Vanavara’ que le CNAC s’empare de nouveau du chapiteau de la Villette.
50 nuances de gris
Mis en scène par Gaëtan Levêque du Collectif AOC, « vanavara » (attention à la dyslexie) signifie « lieu en sommeil rempli d’histoires, porteur de la mémoire d’un autre temps ». Un espace hors du temps peuplé de rochers et de branches d’arbres nues. C’est dans cette ambiance post-apocalyptique, dans un pantone de gris cerclé par un faisceau lumineux, que les quinze acrobates investissent la piste. Ils sont comme une meute, avançant collectivement dans la pénombre. Leur mouvement collectif est hypnotisant. Alors que certains rampent pour gravir les rochers qui jonchent le sol, d’autres s’élancent dans une roue Cyr ou sur un trampoline.
15 artistes
Projet artistique et pédagogique, le spectacle de fin d’études impose au regard extérieur qui le compose (ici Gaëtan Levêque, lui-même issu de la 11e promo du CNAC) la délicate mission de mettre en scène avec cohérence les différents arts du cirque. Sangles, acrobatie, corde, trapèze ballant, mât chinois, voltige… ’Vanavara’, spectacle composite, se nourrit des individualités qui le racontent.
Sur la piste comme hors du temps, les quinze circassiens venus du monde entier (Brésil, Maroc, Mexique, Argentine…) connaissent leur discipline par cœur mais c’est surtout leur manière de bouger qui envoûte. Une manière tantôt animale tantôt minérale d’avancer ensemble et d’investir l’espace. Ensemble, ils écrivent ’Vanavara’ avec la virtuosité de leur agrès et la puissance et l’harmonie de leur groupe. Une bonne nouvelle pour le collectif et l’être ensemble.