A Rennes, 6 spots aussi jouissifs qu’une galette saucisse

Posé en majesté entre la place des Lices, face à son incontournable marché, et la place de la Trinité, le Mama rennais ne pourrait pas être mieux situé. Avec sa large cour intérieure aménagée, où se retrouvent déjà locaux comme touristes, l’hôtel a même sa place au soleil. Le seul spot qui pourrait lui faire de l’ombre ? Son propre rooftop, avec sa vue pittoresque sur les maisons à pans de bois. A l’intérieur, on retrouve la déco folledinguette à laquelle le groupe nous a habitués, supplément galette-saucisse sur les carrelages, moules aux murs et breton LV2. Côté chambres, le designer en chef de la maison, Benjamin El Doghaïli, mise sur une épure rosée appréciable, dans un bâtiment riche en histoire et grands écarts architecturaux (certaines chambres, les plus cosy, sont mansardées, quand d’autres bénéficient d’une incroyable hauteur sous plafond). En sous-sol, une giga-pistoche très Barbiecore, qui vaut à elle seule de venir traîner ses tongs à l’hôtel. Les massages au CBD du spa attenant devraient finir de vous délasser. C’est bon : les vacances peuvent commencer ! 

C’est presque un resto mi(r)litant. Chez Yann-Eric Toutain (passé par Passerini à Paris) et Simon Commault – deux fiers Bretons –, le néobistrot n’est pas une simple cuisine, c’est un état d’esprit. Dans l’assiette, hommage décomplexé aux traditions (ils vont vous faire aimer le ris de veau) dans le strict respect des saisons ; en salle, bonne franquette, vannes à tire-larigot, bons conseils et visite (pas si) solennelle d’une petite cave à vins exceptionnelle. Ça rit, ça gueule, ça vit… A deux pas du marché des Lices, c’est l’adresse où l’on aime retrouver les gens du quartier, et les légumes du coin ! 

Expos pointues et pêchues, ciné en plein air, cuisine de saison (la cantine Choupiquant) : le FRAC Bretagne est l’instit’ culturelle la plus fringante de la région. Boîte noire (allez voir par vous-même !) de l’art contemporain, le fonds régional est un puits sans fond d'œuvres originales de quelque 700 artistes, toutes pratiques confondues. Ses (très) nombreuses expositions temporaires, monographiques ou thématiques, offrent une vitrine plus qu’alléchante à la création contemporaine internationale. A l’été 2023, la contre-culture facétieuse d’un Jeremy Deller y partageait l’affiche avec une “radioscopie” photographique de la France en pleine crise sanitaire, réunissant les travaux de différents photojournalistes. Un nouveau regard sur l’art contemporain, de plain-pied dans le nouveau parc de Beauregard. 

Dans un ancien garage Peugeot – au haut plafond serti de moulures dans leur jus –, l’Alaska opère à double emploi dans le broc et le brunch. D’un côté, une riche sélection de mobilier et accessoires vintage, de l’autre, une belle tablée (en terrasse ou en boutique) aux couverts dépareillés, pleine de bons petits plats du jour mitonnés avec amour. D’un côté comme de l’autre, les produits sont finement sourcés, et l’équipe avenante et tchatcheuse de l'échoppe ne manque pas d’en attester le cachet. On y va du petit-déj au goûter en semaine, et pour le brunch (avec options végétariennes) le week-end. Entre deux bouchées de saucisse fumée (ou de chili végé), on aperçoit une superbe chaise Knoll qui irait mieux que bien dans notre salle à manger (100 % imaginaire). Ça doit bien pouvoir rentrer dans le train, non ?

Une ferme festive associative ? C’est le genre de concept auquel on ne sait pas résister. A Quincé, au cœur du quartier entièrement réinventé de Beauregard, le collectif rennais 35 Volts a repris en 2021 un corps de ferme, sa longère et ses 4 hectares de parcelle. Dans cette guinguette maraîchère, les initiatives sociales poussent sur le même terrain que la création artistique, et la programmation culturelle partage l’affiche avec les opérations agricool : vente de plantes, fleurs et légumes bio cultivés sur place, ciné en plein air, concerts, ateliers de jardinage ou de cuisine, tables de chefs en résidence, DJ sets, soirées bingo… Tout l’été, du jeudi au samedi, Quincé est définitivement the place to bêê. 

Déjà, le spot détonne. Cette maison Art déco à la façade recouverte de mosaïques fut autrefois la demeure de l’artisan mosaïste Isidore Odorico, l’homme derrière le sublime décor de la piscine municipale Saint-Georges (à visiter absolument). Entièrement rénové, dans le respect du patrimoine, ce petit palais moderniste fait aujourd’hui dans la galette de blé noir et le salon de thé. Du rez-de-chaussée au toit-terrasse, les crêpes Bretone sont loin de se tenir à carreau. Pliées en triangle, elles affichent haut et fort leurs couleurs en laissant la garniture harmonieusement organisée s’échapper de son lit de blé. Notre seul regret ? Ne pas pouvoir savourer notre galette confortablement installés dans la baignoire de la sublime salle d’eau, joyau du bâtiment, reconvertie en petit salon d’appoint. Imaginez seulement : un bain de beurre – salé !