Les 13 escapades incontournables à deux pas de Paris

On n’a jamais fini de découvrir Versailles et son château. Et il n’a jamais été aussi facile de s’y rendre (en moins de 15 minutes de train depuis la gare Montparnasse). Plus royal que le roi, le domaine étale crânement ses ors, fontaines et miroirs sur quelque 800 hectares, soit deux fois la taille de Central Park. Autant dire qu’il faut se lever tôt pour en venir à bout (et éviter la foule et les hordes de cars). À 8h, les plus téméraires auront le parc rien que pour eux… Si vous ne vous sentez pas assez chez vous comme ça, faites-vous un (gros) kif en déjeunant sur place, au restaurant Ore de Ducasse. Pour fomenter une révolution, préférez le plus discret (mais hautement recommandé) Bistrot du 11, à un jet de perruque du bucolique potager du Roi. Pour terminer sur un moment vraiment privilégié, réservez des billets pour le spectacle équestre La Voie de l’écuyère, chorégraphié par Bartabas et joué chaque samedi et dimanche dans l’intimité du Manège de la Grande Écurie. Sublime. 

Entre Paris et Versailles, Meudon a pris du galon depuis la transformation de son historique hangar à dirigeables en centre culturel XXL, le Hangar Y. C’est que le lieu est assez dingue et vaut vraiment le coup de s’y aventurer (surtout en été) : après l’exposition du moment, on reste lézarder dans son immense parc aménagé de sculptures contemporaines, on boit des coups à la guinguette ou on goûte à la cuisine créative du chef Guillaume Sanchez dans son restaurant posé sur l’étang. Si vous partez en début de journée, faites un premier arrêt au musée Rodin de Meudon, sublime et moins fréquenté que son homologue du 7ᵉ arrondissement. Et si d’aventure il vous restait un peu de temps, partez explorer l’immense forêt de la ville, juste derrière le Hangar Y. L’art et la forêt. 

Pour les Parisiens, Saint-Ouen fait partie intégrante de Paris. Et si l’on avait l’habitude de s’y rendre pour son marché aux puces, on a désormais tout un tas de raisons d'y passer la journée. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles sont variées : pool party au Mob Hôtel avec le day pass piscine les jours de semaine, marathon de boustifaille à la Communale (le plus grand food court d’Europe !), apéro festif et ensoleillé sur les rails d’une ancienne gare désaffectée, au Hasard Ludique (bon on triche un peu, mais c’est à deux pas de Saint-Ouen)… La ville regorge de lieux authentiques et cinégéniques, à l’image du centre culturel Commune Image ou du chouette bistrot Bonne Aventure. Allez-y gaiement. 

Si vous avez quelque chose à fêter, prenez la route de la Champagne. En moins d’une heure de train, vous débarquez à Reims, capitale des bulles connue pour sa cathédrale où furent sacrés une bonne partie des rois de France. Après avoir confessé vos péchés du weekend dernier, passez sans transition aux bacchanales en prolongeant la balade dans les vignes environnantes. Et puis cap au sud, direction Épernay, pour traverser les plus beaux domaines de la région avant de ramener la coupe (et quelques bouteilles) à la maison. Parmi les étapes les plus haut de gamme, le brunch au champagne chez Ruinart (tous les weekends dans la maison de Reims), la visite du domaine de Moët et Chandon à Épernay, et le coucher de soleil depuis le parc Vix, à Avize, avec sa vue imprenable sur la côte des Blancs. Autre possibilité, rejoindre l’extrême sud de la Champagne à la découverte de domaines plus confidentiels, libres et impertinents : Charles Dufour, le domaine de Bichery, Vouette & Sorbée… Des cuvées réunies au Garde Champêtre, le resto incontournable du coin cornaqué par le chef japonais Kazuya Miyashita.

Si vous êtes friand d’escapade mais allergique aux transports en commun, la région regorge de chemins vélo-friendly, de la Véloscenie (qui file jusqu’au Mont-Saint-Michel !) à la Scandibérique. Mais notre préféré est peut-être celui qui vous emmène à la découverte des guinguettes qui bordent et animent la Marne, au départ du bois de Vincennes (qui est déjà une destination en soi). Au sortir du parc, empruntez l’allée des Guinguettes (qui porte donc bien son nom) pour découvrir ses institutions et basculer dans un autre temps : celui des bals musette, des nappes en toile cirée, des canotiers et du p’tit coup de blanc au déjeuner. Passez guincher chez Gégène ou chez Fifi, et tracez votre route jusqu’au château de Champs-sur-Marne. Pour la faim, repassez par Joinville faire un crochet au Petit Pont pour profiter de sa terrasse cachée perchée sur la rivière. 

Si le mouvement impressionniste a fêté ses 150 ans en 2024, Giverny fait partie de sa genèse. Fief de l’un de ses plus fiers représentants, Claude Monet, qui y vécut pendant plus de quarante ans, le village normand a encore de quoi inspirer le chaland. On s’y rend aujourd’hui pour visiter la maison et l’atelier du peintre, parfaitement entretenus, de sa merveille de cuisine carrelée aux appartements privés. Mais le clou du spectacle est peut-être à l’extérieur, dans les jardins débordant de fleurs, et notamment de ces fleurs d’eau ayant inspiré à Monet son inépuisable série des Nymphéas, dont le chef-d'œuvre ultime se contemple au musée de l’Orangerie à Paris. 

Pas une région, ni une ville, le Doyenné est simplement un restaurant – enfin, pas seulement. Nommé resto de l’année par Time Out Paris en 2023, c’est le point de chute favori des Parisiens avertis qui veulent se faire la belle à la campagne. C’est qu’ici, on met le couvert dans des écuries qui furent un temps l’atelier de Niki de Saint Phalle, à quelques plants de courgettes du château de Saint-Vrain où vécut la comtesse du Barry et la famille Borghese. Voilà pour le cadre. Dans l’assiette, un menu “carte blanche” qui devrait vous prendre une bonne partie de la journée, avec une cuisine de saison qui pioche allègrement dans son potager et reste l’une de nos plus belles expériences culinaires de ces dernières années. Vous allez avoir envie d’y rester, et ça tombe bien, le spot fait aussi maison d’hôtes : une dizaine de chambres vous attendent, toutes designées par le studio d’archi Ciguë… 

Il n’y a pas qu’à Versailles qu’on mène la vie de château. Et celui de Fontainebleau a le mérite d’être un poil moins encombré que son auguste homologue. Entièrement restauré par Napoléon 1er à son arrivée au pouvoir, ce château construit il y a presque mille ans est aussi l’un des plus emblématiques de l’histoire française. On y va pour gravir son sublime escalier en fer à cheval, comme Napoléon lui-même (et 34 rois avant lui) avait l’habitude de le faire, mais aussi pour se perdre dans sa très jolie ville, l’une des plus belles d’Ile-de-France. Au-delà du château, les locaux vont à Fontainebleau pour faire de l’escalade et des randos dans son immense forêt aux multiples points de vue. Notre conseil ? Faites escale dans l’ancienne demeure de la peintre Rosa Bonheur, transformée en musée et maison d’hôtes. Si vous n’y passez pas la nuit, restez au moins pour le thé !

Juste à côté de Fontainebleau, Barbizon est aussi mignon à visiter qu’à prononcer. Tellement que le petit village a donné son nom à un mouvement pictural intimement lié au romantisme français, l’école de Barbizon, dont les représentants s’attachaient à reproduire fidèlement la nature il y a deux siècles de ça. Aujourd’hui encore, nombre d’artistes y trouvent refuge pour créer, notamment grâce à la maison d’hôtes branchée la Folie Barbizon, qui en accueille chaque saison en résidence. Vous pourrez commencer votre visite par là, pour déjeuner au charmant restaurant du b&b, à moins que vous ne préfériez un de leurs paniers à pique-nique pour le boulotter en paix dans la forêt avoisinante. Pour l’amour de l’art, passez une tête à la maison-atelier de Jean-François Millet, un des fondateurs de l’école de Barbizon, célébré dans le monde entier pour ses magnifiques Glaneuses. 

Ce n’est certes pas la ville la plus bucolique du coin, mais c’est sans doute l’un des plus hauts lieux grands-parisiens de l’art contemporain. Et la terre promise des cool kids en quête de teuf. Commençons par l’art, avec deux adresses uniques et incontournables : on passe d’abord voir l’immense galerie Thaddaeus Ropac, où les œuvres de pointures internationales s’affichent dans une ancienne chaudronnerie, avant de profiter des expos gratuites des Magasins Généraux, au bord du canal, où s’orchestrent aussi régulièrement quelques très bonnes soirées. Pour tâter un peu d’underground et profiter du grand air, rendez-vous ensuite dans deux de nos friches culturelles et festives préférées : la Cité Fertile et le Jardin21 (à la frontière entre le 19ᵉ et Pantin). C’est ça, le vrai été parisien.

Si vous pensez qu’il est impossible d’observer des phoques à moins de deux heures de train de Paris, vous vous trompez. Dans l’une des plus belles baies de France, et la plus peuplée en veaux marins et phoques, il suffit d’arpenter le port du Crotoy ou la pointe du Hourdel pour les voir à l’œil nu. Si vous êtes aventurier, vous pouvez vous lancer dans une excursion en canoë ou kayak (environ 40 € la demi-journée), flâner au milieu des oiseaux du parc du Marquenterre et ses 200 hectares, ou vous taper une randonnée sur la plage sur le dos d’un cheval Henson. Et pensez à faire un tour chez Baie, le meilleur bistrot du coin.

« Gravement beau. » C’est avec ces mots que Vincent van Gogh décrivait à son frère la commune d’Auvers-sur-Oise. Située à une trentaine de kilomètres à peine de Paris, la ville offre un cadre verdoyant et délicieusement charmant. Outre la possibilité de marcher sur les pas de l’artiste néerlandais – mort dans la ville après y avoir peint de formidables tableaux impressionnistes et enterré à Auvers aux côtés de son frère Théo – vous pourrez aussi visiter le château d’Auvers, arpenter le musée de l’Absinthe ou manger dans la fameuse auberge Ravoux également appelée « maison de Van Gogh » (puisqu’il vécut à l’étage). Dans un autre genre, une belle convention du disque squatte chaque année la ville fin avril, tout comme un salon de la BD. Après ça, nul doute, vous aurez l’air d’un Auversois pur jus.

Pour vivre la vie de château, il n'y a pas mieux que la vallée de la Loire ! Il y a cinq cents piges, alors que la région était the place to be du royaume, des châteaux tous plus beaux les uns que les autres ont essaimé le long du fleuve, et plus globalement dans la vallée entre Orléans et Anjou. Des noms de bâtisse dont la seule évocation suffit à faire cligner les yeux des touristes du monde entier. Chenonceaux, Chambord, Chaumont, Blois, Amboise, Beauregard… Si 22 sont classés « grands sites du Val de Loire » par l'Unesco, le coin compte des centaines (milliers ?) de lieux à visiter. On vous laisse choisir votre parcours, c'est vous le roi.