Le Seine-Saint-Denis style s'est offert une nouvelle garde-robe cet automne. Aux survêts Sergio Tacchini tombés du camion sont venus s'ajouter quelques costards Armani taillés sur mesure : uniformes d'une armée de collectionneurs, marchands et spécialistes de l'art contemporain qui ont traversé le périph' pour célébrer l'inauguration de deux nouvelles galeries, aux ambitions de musées pour œuvres monumentales.
D'un côté, l'annexe de la galerie Thaddaeus Ropac (déjà présente dans le Marais), qui a ouvert ses portes à Pantin le 12 octobre 2012, dans une ancienne usine réaménagée. De l'autre, le nouvel espace de la Gagosian Gallery (déjà présente dans le 8e arrondissement), qui, le 18 octobre, a coupé le ruban d'un bâtiment industriel relooké par Jean Nouvel, en pleine zone aéroportuaire du Bourget. Les deux premiers grands exodes du marché de l'art vers le « neuf-trois » se sont donc déroulés à une semaine d'intervalle à peine. Drôle de coïncidence. Et comme si cela ne sentait pas suffisamment la rivalité acharnée, Thaddaeus Ropac et Larry Gagosian (qui prétendent à une simultanéité involontaire de leurs agendas) ont tous deux invité le peintre Anselm Kiefer à créer des séries inédites pour leur exposition inaugurale.
Voilà qui était beaucoup trop gros pour que l'on résiste à l'envie perfide d'arbitrer un petit bras de fer (voir nos critiques ci-dessous). Verdict : entre le parcours lumineux et intimiste présenté à la galerie Ropac-Pantin, qui sublime les œuvres de Kiefer, et l'immensité impersonnelle de Gagosian-Bourget qui confère à l'art des airs d'industrie lourde et sensationnelle, on a fait notre choix.
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