Exposition Henry Darger

Trois expos à voir au musée d'Art moderne

Printemps-été 2015 : un bon cru pour le MAM

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C'est l'occasion de faire d'une pierre trois coups : le musée d'Art moderne propose en ce moment trois expositions qui nous ont tapés dans l'œil. Trois rétrospectives d'artistes qui sortent des clous et qui ont, jusqu'ici, rarement (ou jamais) eu droit à des expositions personnelles à Paris. En haut du podium, le monstrueux Markus Lüpertz, drôle d'oiseau du néo-expressionnisme allemand. A ses côtés, la loufoque Carol Rama, petit condensé d'art moderne à elle toute seule, et l'« outsider » Henry Darger, hanté par une armée de démons, de forêts en flammes et de petites filles poursuivies par de cruels généraux. Bref un beau trio, réuni jusqu'à la mi-juillet.

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Markus Lüpertz
Markus Lüpertz
Un drôle d’oiseau. Dans l’art des cinquante dernières années comme dans la vie courante, Markus Lüpertz (né en 1941) a toujours volé de ses propres ailes. Sans jamais vraiment faire son nid, ni parmi les néo-expressionnistes allemands – les Anselm Kiefer, Georg Baselitz, Sigmar Polke, A.R. Penck et autre Gerhard Richter de sa génération, dont il se démarque en flirtant tantôt avec le pop art, tantôt avec le classicisme –, ni parmi ses compatriotes germaniques, avec lesquels il fait plutôt dans le « Ich liebe dich – Moi non plus. » Inclassable, étrange, sans âge ni dieu ni loi, l’art de l’Allemand vogue librement entre les cieux bleus de l’Arcadie (terre utopique grecque où l’homme vit en communion avec la nature), et des zones de turbulence, teintées par la peur du vide spirituel capitaliste ou l’héritage écrasant du nazisme. Dans les interviews qui parsèment la rétrospective du musée d’Art moderne, on tombe ainsi nez à nez avec un personnage tortueux, à la fois artiste star et ermite invétéré, lucide et rêveur, misanthrope et altruiste.
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La Passion selon Carol Rama
La Passion selon Carol Rama
« Je n'ai pas eu besoin de modèle pour ma peinture, le sens du péché est mon maître. » Si elle n'a jamais fait partie des grands mouvements d'avant-garde du XXe siècle, Carol Rama pourrait presque paraître, à elle toute seule, comme un condensé d'art moderne. Marquée par Dada, influencée par le surréalisme de son ami Man Ray et le fétichisme de Hans Bellmer, descendante de la chair viennoise de Schiele, écho aux textes de Georges Bataille et précurseuse de l'arte povera, l'Italienne née à Turin en 1918 (et donc presque centenaire) a longtemps été oubliée des livres d'histoire – la belle rétrospective inaugurée par le musée d'Art moderne est d'ailleurs la première que lui consacre la France.
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Henry Darger
Henry Darger
De la vie de Henry Darger, on ne saura jamais grand-chose. Une existence monotone et discrète, celle d'un petit employé subalterne noyé dans la grande ville de Chicago. Jusqu'à ce que l'on découvre en 1972, quelques mois avant sa mort, une œuvre démentielle, inversement proportionnelle à l'insignifiance que l'on prêtait à ce petit vieux au bord de l'indigence. Profondément marquée par la religion chrétienne, mais aussi par sa fascination pour la météo et les incendies, l'œuvre de Darger baigne dans un déstabilisant mélange de tendresse et de violence, entre les enfers de Bosch et la fausse ingénuité du 'Magicien d'Oz'. Derrière la guerre sanglante que se livrent des armées impitoyables, l’Américain donne corps à un combat féroce entre enfance et âge adulte. Parfois de manière explicite, lorsque des Glandeliniens éviscèrent des bambins ; parfois plus implicitement, lorsque ses héroïnes colorées et fleuries affrontent les forces noires d'hommes virils, aux airs de militaires ou de professeurs. Une expression inquiétante, à la limite du cauchemar pathologique, qui a fait de lui l’un des symboles de ce que l'on appelle, avec une certaine condescendance, « art brut » ou « art outsider ».
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