C'est la saison des réouvertures. Le même jour que le musée Picasso, ce samedi 25 octobre, la Monnaie de Paris, après trois ans de travaux dirigés par l'architecte Philippe Prost, est elle aussi à nouveau accessible au public, du moins en partie. L'intégralité du lieu - 1,2 hectares en plein cœur du 6e arrondissement tout de même - ne sera définitivement rénovée qu'en 2016, lorsque seront inaugurés les cinq rues piétonnes intérieures, les ateliers d'art et de fonderie, le jardin de 1 000 m2, les magasins et la brasserie.
One for the Monnaie
En attendant, le palais Conti, en bord de Seine, rouvre ses portes. La plus vieille institution française, fondée en 864 par Charles le Chauve, s'installe dans ce prestigieux bâtiment à la veille de la Révolution française. Construit au XVIIIe siècle par l'architecte Jacques Denis Antoine, le lieu impose son faste, digne de la mission primordiale qui lui est attribuée à l'époque : battre la monnaie, et donc afficher le pouvoir royal.
C'est ici que se fabrique alors la monnaie, mais aussi des médailles, bijoux ou décorations officielles. Et si depuis 1973, la frappe des monnaies courantes se déroule à Pessac (Gironde), aujourd'hui encore, ce sont de ces ateliers que sortent des pièces d'or attendues par les numismates ou les médailles rêvées par des générations de collectionneurs - au hasard, on pense à celle de la Nuit Blanche 2012, ornée du blason du rappeur Booba.
Two for the show
Désormais, la Monnaie de Paris a pour vocation de devenir un lieu culturel phare, fier de son savoir-faire pluricentenaire, mais aussi tourné vers la modernité. Dans quelques semaines, c'est un restaurant trois étoiles du chef Guy Savoy qui prendra place dans l'aile ouest du bâtiment. En attendant, c'est une usine de chocolat qui occupe le palais de Conti - du chocolat choisi par Guy Savoy, mais modelé par le fameux Paul McCarthy, l'artiste américain dont le pouvoir de subversion a encore pu être constaté lors de l'installation de son sapin de Noël tendancieux mi-octobre sur la place Vendôme.
A droite de l'entrée, l'escalier d'honneur a retrouvé toute sa lumière, lumière qui va permettre à la forêt d'arbres gonflables de McCarthy de faire sa photosynthèse en toute tranquillité. Au premier étage, le grand salon à l'italienne Guillaume Dupré est envahi par des murs en préfabriqué, décor de cinéma abritant une armée de petits cuisiniers en perruques blondes et uniformes rouges, appliqués à créer les chocolats McCarthy, en forme de père Noël et de sapin-anal (fusion du sapin de Noël et du plug anal, donc).
Quant à l'enfilade de salons à l'élégance classique, elle est saturée d'étagères débordant de figurines en cacao sagement alignées : on jurerait que Willy Wonka a pris possession des lieux. Un peu comme si, pour sa réouverture, la Monnaie de Paris avait voulu rappeler qu'elle reste encore la plus ancienne manufacture parisienne. L'usine de pièces s'est transformée en usine de pièces en chocolat.
>>> Exposition 'Chocolate Factory' de Paul McCarthy du 25 octobre au 4 janvier à la Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, Paris 6e.
>>> Week-end d'inauguration : accès libre les 25 et 26 octobre de 11h à 23h.
>>> A partir du 27 octobre : tous les jours de 11h à 19h (nocturne le jeudi jusqu'à 22h), entrée de 5 à 8 euros.