Brazil

Guide du film de science-fiction : n°6

'Brazil' (1985) de Terry Gilliam

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'Brazil' (1985) de Terry Gilliam, avec Jonathan Pryce, Kim Greist, Michael Palin et Robert de Niro

La grande idée : la bureaucratie n’est plus une simple nuisance, mais un incontrôlable Béhémoth.

La réplique :
« Voici le reçu pour votre mari. Et voici le reçu pour votre reçu. »

Brazil, aquarelle dans laquelle Gillian peint sa science des rêves
Dans ‘Brazil’, Jonathan Pryce n’incarne pas seulement Sam Lowry, exceptionnel quidam dont les rêves grandioses dépassent de très loin son rôle de simple maillon dans la machine à broyer imaginée par Terry Gilliam. L’acteur gallois, qui tient chez l’ancien Monty Python son premier grand rôle au cinéma, personnifie l’idée même du rêve comme arme face à l’oppression, éternelle marotte du réalisateur devenue fil conducteur de la trilogie partant de ‘Time Bandit’ en 1981 pour se finir dans l’exceptionnel échec des ‘Aventures du Baron de Munchausen’ quatre ans plus tard. Avec, bien entendu, ‘Brazil’ comme point d’orgue.

Remarquablement imaginatif, totalement surréaliste, le film décrit la lente descente aux enfers d’un modeste fonctionnaire rêvasseur pris au piège d’une société absurde et totalitaire. Décharnant le ‘1984’ d’Orwell (massacré quelques années plus tard par Michael Radford), ‘Docteur Folamour’ pour le rôle de Michael Palin et l’adaptation du ‘Procès’ de Kafka par Orson Wells, citant ‘Casablanca’ et ‘Metropolis’, ‘Brazil’ développe une esthétique que l’on retrouvera dix ans plus tard chez plusieurs très grands noms du cinéma en devenir : Tim Burton, le duo Caro/Jeunet, ou les frères Coen pour ‘Barton Fink’ et ‘Le Grand Saut’. Tout simplement révolutionnaire.

Non-content de poser les bases de ce qui deviendra également le mouvement steampunk (quoi que l’on pense de celui-ci), Gilliam, en moquant le totalitarisme, dresse également un remarquable portrait des craintes quotidiennes sous l’ère Thatcher. Les rêves mécaniques de Lowry, borne de départ onirique du film, rappellent les espoirs ouvriers brisés par une Angleterre qui n’a pas manqué de réaliser sa prophétie : presque aussi froide et anxiogène que les décors du film, volontairement gigantesques mais néanmoins fermés. Un cauchemar devenu réalité.

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