'Metropolis' (1927) de Fritz Lang, avec Alfred Abel, Brigitte Helm et Gustav Fröhlich
La grande idée : le chef-d’œuvre de Fritz Lang comme matrice de toute la science-fiction à venir – entre robots, scientifiques fous, mégapoles et cauchemars dystopiques.
La réplique : « Il ne peut y avoir d’entente entre la main et la tête, à moins que le cœur n’en soit le médiateur. »
La pierre angulaire de la SF
« J’ai récemment vu le film le plus idiot qui soit », écrivait HG Wells, l’auteur de ‘La Guerre des mondes’, en 1927 dans le New York Times. D’ailleurs, il n’était pas seul : les critiques furent généralement acerbes à l’égard du monument épique de Fritz Lang à sa sortie. Pourtant, le temps leur donna tort et ‘Metropolis’ est sans doute devenu, au fil des ans, le film de science-fiction le plus influent de l’histoire du cinéma. Dans une cité futuriste bondée, Freder, le fils d’un riche industriel, tombe éperdument amoureux d’une fille des bas-fonds où les ouvriers se tuent à la tâche pour la classe dominante, vivant dans la ville haute.
Impossible sans doute de venir à bout de la richesse de ‘Metropolis’ et de ses échos futurs : la machine M, divinité sacrificatrice et mécanique, aura par exemple clairement influencé le C-3PO de ‘Star Wars’, tout comme les Replicants de ‘Blade Runner’. De même, les gratte-ciels et les autoroutes surélevées du film de Lang se retrouvent dans la majeure partie des architectures futuristes. Dans son article de l’époque, Wells se moquait de la description faite par Lang du prolétariat de ‘Metropolis’, estimant que la technologie abolirait la misère des classes les plus défavorisées. Pourtant, près de 90 ans plus tard, la critique sociale portée par le film de Lang n’a pas perdu une once de son acuité. L’un des films de science-fiction les plus visionnaires jamais réalisés.