Avez-vous déjà désiré quelque chose pendant plus de trente ans ? Les amateurs de Bach et Strauss, eux, oui. Pendant presque quatre décennies, ils ont attendu, en rang serré derrière Pierre Boulez, une salle parisienne digne de la musique classique, à l'acoustique soignée et à la capacité augmentée. Elle a finalement ouvert ses portes en janvier 2015, du côté de la porte de Pantin, loin des quartiers où soufflent habituellement les vents de l’orchestre.
L’Orchestre de Paris comme hôte
La Philharmonie, avec sa grande salle de 2 400 places, associée à la déjà très attirante Cité de la Musique, propose une programmation faste et foisonnante menée notamment par les musiciens résidents de l’Orchestre de Paris, qui se font plaisir en invitant de prestigieux chefs étrangers comme Esa-Pekka Salonen. Le paquebot de Jean Nouvel – dont le budget faramineux a charrié foule de critiques – accueille aussi quelques dates des festivals Days Off début juillet et Jazz à la Villette à la fin du mois d’août. Et ses 1 100 mètres carrés d'espace d'exposition ont présenté des expos saluées par le public (consacrées au hip-hop, à la musique électronique et bientôt au metal), et un pôle éducatif de 1 750 mètres carrés.
Désireuse de trouver de nouveaux adeptes, la Philharmonie a fait un pas vers le grand public. Outre les noms à l'affiche – Oxmo Puccino y fête ses 50 ans avec une résidence de trois jours –, l'auditorium peut également compter sur la place centrale accordée au public : la distance maximum entre le spectateur le plus éloigné et le chef d'orchestre est de 38 mètres. Conçu comme un nuage en termes d'esthétique, de confort et de qualité d'écoute, le lieu est attractif pour tous grâce aux nombreuses activités ludiques et pédagogiques en marge des concerts.
Côté billetterie
Ce nouvel écrin de la musique classique pratique également une politique tarifaire louable, certes encore loin des salles de concert les plus populaires, mais aux prix en baisse comparés à la Salle Pleyel. Ainsi, la Philharmonie réitère l'exploit de l'Opéra Bastille, qui a su, si ce n'est démocratiser, au moins vulgariser un art très bourgeois dans un ancien quartier populaire avec des tarifs qui démarrent à 10 € pour les concerts symphoniques, jusqu’à 60 euros pour les meilleures places.