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Le collier de pâtes que vous lui aviez offert pour la Fête des mères 1991? Mangé en bolo. Les bouquets de fleurs accumulés au fil des années ? Ils gisent piteusement dans un pot-pourri bafouant dix-neuf lois d'hygiène et de propreté. La boîte de chocolats fourrés achetée à la va-vite chez le boulanger ? Cachée au fond d'un placard verrouillé pour éviter les tentations... Bref, vous êtes à cours d'idées de cadeaux pour la Fête des mères ce dimanche et cela commence à sérieusement vous angoisser. Et si, pour changer, vous lui offriez une balade avec vous, bras-dessus, bras-dessous dans un musée ou une galerie d'art ?
D'autant que les expositions actuellement proposées sont à l'image des profils maternels : plurielles. Qu'elle soit coquette, coquine, classique, rétro-chic ou anticonformiste, votre chère et tendre môman trouvera donc forcément culture à son intérêt. Tandis que vous serez, à n'en pas douter, considérés comme l'enfant prodige ayant trouvé le cadeau parfait.
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Comme son titre l'indique, l'exposition Carambolages provoque un immense carambolage d'œuvres d'art. Ni chronologique, ni thématique, le parcours, plus mental que scientifique, mélange joyeusement les créations selon leurs affinités poétiques. Cent cinquante d'entre elles, de François Boucher à Annette Messager en passant par Rembrandt, Man Ray ou Alberto Giacometti, se retrouveront ensemble dans les galeries du Grand Palais sous la direction du grand historien de l'art et commissaire d'exposition Jean-Hubert Martin. Bref, l'exposition Carambolages sera probablement surprenante, percutant les genres, les supports et les époques.
Cinquante ans après la sortie du premier album du Velvet Underground – sur la pochette duquel on pouvait voir une banane dessinée par Andy Warhol – la Philarmonie de Paris retrace la genèse du célèbre groupe des années 1970. Au travers de l'exposition 'Velvet Underground', la première produite par la Philharmonie de Paris, elle refait le portrait d’un des combos les plus obscurs mais aussi les plus influents de l'histoire du rock. Lou Reed et sa bande ayant en effet inspiré Iggy Pop, David Bowie et bien d’autres.
« Gravement beau. » Voici comment Vincent van Gogh décrivait à son frère Théo, dans ses correspondances, Auvers-sur-Oise. Cette petite commune est en effet un hameau de verdure paisible et charmant, situé à une trentaine de kilomètres de Paris seulement. « Pleine campagne caractéristique et pittoresque » (toujours selon les dires du peintre néerlandais), Auvers a d’ailleurs su séduire de nombreux artistes, principalement impressionnistes. Ainsi, Vincent van Gogh mais aussi Charles-François Daubigny, Paul Cézanne ou Camille Pissarro sont venus y puiser l’inspiration.
Alors que le printemps avance à pas de loup, le terrain des expositions parisiennes s’annonce sacrément fertile en ce mois de mars 2025. Histoire de vous guider au milieu des programmations, on a sélectionné trois nouvelles rétrospectives qui vont secouer les cimaises de la capitale, entre célébrations d’artistes afro-descendants et de femmes.
Paris Noir, au Centre Pompidou
Parmi les dernières expositions précédant la fermeture de Beaubourg, c’est celle qui nous fait le plus de l’œil. Du 19 mars au 30 juin 2025, Pompidou présentera Paris Noir célébrant les œuvres de 150 artistes afro-descendants dans le Paris arty de la seconde moitié du 20ᵉ siècle. À travers cette rétrospective qui explorera moult courants artistiques (surréalisme, abstraction afro-atlantique, figuration libre…), l’institution tentera de questionner la conscientisation identitaire de ces artistes, leurs désirs d’émancipation, mais aussi leur rôle clé dans la « redéfinition des modernités et postmodernités ». À voir également : cinq installations et autant de regards contemporains sur le sujet, réalisées spécialement pour l’expo par les artistes Bili Bidjocka, Valérie John, Nathalie Leroy Fiévée, Jay Ramier et Shuck One.
Quand ? Du 19 mars au 30 juin 2025 Où ? Centre Pompidou, rue Saint-Martin, Paris 4ᵉ.
FEMMES, à la Galerie Perrotin
Avec cette expo, la quatrième chez Perrotin, Pharrell va rendre hommage aux artistes questionnant les notions d’identité et de féminité qui l’inspirent. Ça donne un panel tendance piste aux étoiles d’une quarantaine d’artistes, tous genres et générations confondues, issus en grande majorité des diasporas africaines et afro-descendantes. Ce sera l’occasion de voir (à l’œil) les peintures géométriques célébrant la culture Ndebele (un peuple vivant en Afrique du Sud) de Dr Esther Mahlangu ; les œuvres mêlant sérigraphie et tissage de la Kényane Jess Atieno ; les sculptures en terre cuite de l’icône sénégalaise Seyni Awa Camara ; les photos de la star ghanéenne Prince Gyasi ; celles du très modeux Gabriel Moses ; les toiles représentants des figures féminines à l’aide de peinture et tissus de l’Américaine Tschabalala Self ; ou les singulières pièces de Kennedy Yanko, réalisés à base de toiles au sens de peau servant à recouvrir des matériaux. Enfin, on sera aussi très happy de revoir le travail de l’activiste visuel.le sud-africain.e Zanele Muholi, deux ans après son triomphe à la MEP.
Quand ? du 20 mars au 19 avril 2025. Où ? 76 rue de Turenne, Paris 3e.
Corps et âmes, à la Bourse de Commerce
Après l’arte povera en 2024, la Bourse de Commerce commence 2025 avec un riche programme : sous la coupole de l’institution, une quarantaine d’artistes issus (photographes, peintres, plasticien.nes…) auront pour mission de sonder la diversité des liens entre le corps et l’esprit. Rien que ça ! Autant de visions qui permettront - on l’espère - d’aborder toutes les mystérieuses facettes du sujet. Sur le dépliant, on découvre un casting comme d'habitude grandiloquent avec les clichés jamais vus en France de la photographe Deana Lawson célébrant les communautés et identités afro-américaines ; les peintures de la Batave Marlene Dumas interrogent les rapports sexués ; et les sculptures hyperréalistes de l’Américain Duane Hanson démontent nos aspirations occidentales.
Quand ? Du 5 mars au 25 août 2025. Où ? 2 rue de Viarmes, Paris 1er
Qui a dit que voir de l'art coûtait un bras ? En ce moment, Paris déborde d’expos gratuites qui en mettent plein les yeux sans vider le portefeuille. Plongée moite dans les nuits berlinoises, hommage aux femmes noires sous la houlette de Pharrell Williams, et balade photographique à travers l’Italie aux Douches la Galerie… De quoi nourrir l’âme sans sortir un centime. Petit circuit des immanquables.
Les expos gratuites à ne pas rater à Paris en ce moment
THE DOG IN ME, à la Galerie Double V (jusqu'au 29 mars)
Animal totem, muse domestiquée ou miroir de nos névroses ? L’expo THE DOG IN ME, présentée à la galerie Double V, interroge la place du chien dans la création contemporaine. Onze artistes s’y frottent, de Maude Maris à Thomas Mailaender, en passant par Alice Guittard et Elvire Bonduelle, pour questionner notre relation à cet éternel compagnon, entre affection sincère et domestication imposée. Le chien est partout et jamais là où on l’attend : tantôt icône pop, tantôt vestige d’un imaginaire ancestral, il traverse les œuvres comme un double fidèle et ambigu. Des grottes préhistoriques aux selfies Instagram, il accompagne l’humain. Mais qui dresse qui, au fond ?
"The Dog In Me", Galerie Double V
Quand ? jusqu'au 29 mars Où ? 37 rue Chapon, 75003 Paris
FEMMES, à la Galerie Perrotin (du 20 mars au 19 avril)
Pharrell Williams ne se contente pas de produire des tubes : il curate aussi des expos. Et pas n'importe lesquelles. Avec FEMMES, il réunit des artistes autour d’un sujet qui le fascine et l’inspire depuis toujours : la représentation des femmes noires. Pas de discours creux, ni de symbolisme à la truelle. Résultat ? La promesse d'une exposition chorale et percutante, conçue comme un hommage et un manifeste, où près de quarante artistes afrodescendants, toutes générations confondues, déploient leur vision dans un dialogue explosif de formes, de couleurs et d’émotions.
Quand ? du 20 marsau19 avril Où ? Galerie Perrotin, 76 Rue de Turenne, 75003 Paris
Voyages en Italie, aux Douches la Galerie (jusqu'au 3 avril 2025)
L’Italie version Hervé Guibert ? Pas celle des cartes postales. Pas de Vespa rouge, pas de pasta fumante, pas de soleil éclatant. Juste un pays qui se laisse deviner à travers des visages énigmatiques, des corps qui s’abandonnent et des objets qui parlent à sa place. Avec Voyages en Italie, Les Douches la Galerie remonte le fil d’un itinéraire intime, de la Villa Médicis aux rivages de l’île d’Elbe, dernier refuge du photographe-écrivain. Ses clichés sont du morse. Des amis, des amants, figés comme des mythes oubliés : Thierry, nu, taillé comme une statue antique ; Mathieu, un sphinx alanguis ; Christine, une apparition bienveillante. Et lui, furtif, toujours en reflet, comme s’il s’excusait d’être là. Puis ce bureau, figé dans un équilibre bancal : papiers épars, livre entrouvert, jouet abandonné… et ce foutu couteau planté dans le bois. Un geste de frustration ? Une ponctuation brutale ? Un symbole dont il avait le secret ? Va savoir.
Hervé Guibert, "AutoReflet dans fenêtre avec Rollei", 1988. Tampon à sec Hervé Guibert. Tirage gélatino-argentique d'époque
Quand ? jusqu'au 3 avril 2025 Où ? Les Douches la Galerie, 5 rue Legouvé, 75010 Paris
Miniature, une exposition à la loupe, à Artistik Rezo (jusqu'au 5 mars 2025)
Ici, pas de toiles mastodontes ni d’installations qui prennent tout l’espace. Pour fêter ses 10 ans, la galerie Artistik Rezo et le collectif FIGURE misent sur le minuscule avec MINIATURE, une exposition où chaque œuvre ne dépasse pas 5 cm. Autant dire qu’il va falloir plisser les yeux (ou sortir la loupe fournie à l’entrée). Pas de coups de rouleau ni d’effets de manche : chaque œuvre se joue en détails, obligeant l’œil à zoomer, fouiner, s’arrêter sur ce qu’il aurait balayé d’un regard distrait ailleurs. Un vrai casse-tête pour les 80 artistes invités, qui doivent tout dire en un post-it (l'équivalent en termes de taille). Tout est à vendre et à emporter illico. Vous décrochez, vous payez, vous partez. Pas de liste d’attente, pas de facture indécente, pas de « on vous rappelle ». De l’art instantané, comme un bon café : serré et percutant.
Quand ? jusqu'au 5 mars 2025 Où ? Galerie Artistik Rezo, 14 rue Alexandre Dumas, 75011 Paris
NACHTS, à la Cité de la Mode et du Design (du 18 au 21 avril 2025)
Trois nuits pour plonger dans l’underground berlinois, sans traverser le périph’. Après avoir investi le Centre Pompidou en 2023, Mischa Fanghaenel, ex-cerbère du Berghain, débarque à la Cité de la Mode du 18 au 21 avril prochains pour une nouvelle exposition. Ici, inutile de supplier Sven (Marquardt, le physio tatoué qui recale tout le monde au Berghain) à l’entrée : photos, installations et BPM hypnotiques s’emmêlent pour une descente en règle dans l’underground berlinois. Un shoot visuel et sonore, entre la crasse magnétique de Berlin et le vernis décadent de Paris, sous la baguette de FVTVR, l’antichambre créative d’Assembly (le repaire d’Arnaud Frisch), où l’art flirte toujours avec la nuit.
Quand ? du 18 au 21 avril 2025 Où ? FVTVR, Cité de la Mode et du Design, 32 Quai d'Austerlitz, 75013 Paris
Les Jours heureux, Salle Saint-Jean, à l'Hôtel de Ville (jusqu'au 1er mars 2025)
L’été 2024 a filé aussi vite qu’un 100 mètres en finale. Mais pour ceux qui ont encore des frissons en repensant aux Jeux, l’Hôtel de Ville ouvre une ultime fenêtre sur cette euphorie collective avec Jeux olympiques et paralympiques, Les Jours Heureux. Pas un pensum sur l’héritage olympique, pas une expo figée dans le marbre. Juste un shot d’émotions brutes : les cris dans les tribunes, la tension des finales, la magie des cérémonies signées Thomas Jolly. Plongée directe dans le grand bain. On déambule à travers un tunnel où les cérémonies rejouent leur grand show, on fouille du regard les portfolios des photographes qui ont capté l’instant parfait, on frôle les objets cultes qui ont fait ces Jeux. Et pour ceux qui ont encore l’ego en or, un podium olympique attend les bras levés et les sourires vainqueurs.
C’est une molécule d'éther en forme de boule à facettes de l'artiste Jeanne Susplugas qui accueille le visiteur à la Philharmonie. Quel rapport entre l'éther et le disco ? On ne saura pas. Et c’est un peu le caillou dans la platform boot de cette expo Disco I’m Coming Out : on a bien du mal à en tirer des informations.
Au-delà du kitsch
La curation, menée par Jean-Yves Leloup, Marion Challier et Patrick Thévenin, mixe des pièces grand public instagrammables et des éléments de contexte social pour présenter toutes les facettes de ce style musical trop souvent réduit à quelques tubes kitsch. On déambule donc entre sa naissance à partir de la soul américaine dans le cerveau de producteurs de génie, son rôle essentiel dans la culture club (née dans le Loft new-yorkais de David Mancuso à partir de 1970) et la fin de la fête avec l’autodafé de disques disco dans un stade de Chicago en 1979. Une petite décennie éclatante qui marque encore profondément la musique et l'art.
Néons, façettes et égalités des droits
Un néon du Paradise Garage (mythique club de New York), des boules à facettes molles du collectif néerlandais Rotganzen ou la batterie du pionnier français du genre Cerrone côtoient un coin dédié aux luttes de l’époque (un collage des photos de Fred W. MacDarrah de manifs pour les droits des civiques, des gays ou des femmes) et aux icônes queers (le fantastique et trop sous-estimé Sylvester).
Une façon de retranscrire le mélange d’hédonisme et d’activisme qui bouillonnait sur les dancefloors à la fin des 70’s, mais qui se fait malheureusement au détriment de la lisibilité générale. Bon courage pour trouver, par exemple, la définition rythmique du disco, cachée dans une interview en vidéo du batteur Earl Young. Une partie de la (trop) vaste piste de danse reconstituée du Studio 54 aurait pu être dédiée aux différentes évolutions du disco (la Hi-NRG, l’italo, voire la French Touch) pour clarifier un peu le contexte. La diva disco Gloria Gaynor chante I Will Survive, nous, on survole.
Avoir 231 ans et faire sa première fois. Du 24 janvier au 21 juillet 2025, le Louvre accueillera pour la toutoute première fois de son histoire, une exposition entièrement consacrée à la galaxie de la mode. Cette rétrospective sera tricotée par Olivier Gabet et Nathalie Crinière, qui ont annoncé vouloir questionner l’influence des musées et de leurs collections sur les créateurs. Le vestiaire, qui dialoguera donc avec les œuvres du Louvre, devrait être composé de 65 tenues et 30 accessoires haute couture avec, à la volée, des créations Chanel de Karl Lagerfeld – grand arpenteur du Louvre –, ainsi que des pièces griffées Yohji Yamamoto, Dolce & Gabbana, et un focus sur Marie-Louise Carven, “la couturières des petites dames”. Fa-fa-fashion !
Quand ? du 24 janvier au 21 juillet 2025. Où ? musée du Louvre, rue de Rivoli, Paris 1er.
Du Cœur à la main : Dolce & Gabbana
En 2025, Dolce & Gabbana fêtera 40 ans de création. Et trouvera au Grand Palais un écrin à la mesure de son exposition événement inaugurée au Palazzo Reale à Milan. Des inspirations multiples du duo de stylistes (céramique sicilienne, verrerie vénitienne…) aux pièces uniques conçues à la main dans leurs ateliers, l’exposition tisse les mille et un liens entre la culture italienne et cette haute couture de la démesure que cultive la maison. À travers dix salles immersives et une scénographie aussi folle que leurs robes, on se balade dans la tête (et dans le cœur) des créateurs.
Quand ?du 10 janvier au 31 mars 2025 Où ? Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, Paris 8e
Temple of Love
En 2025, Rick Owens défilera au Palais Galliera ! Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026, le musée parisien célèbre l’enfant terrible de la mode américaine avec une rétrospective à la hauteur de sa démesure. Au cartel ? Plus de 100 silhouettes sculpturales, des archives jamais vues et des œuvres d’art qui retracent sa carrière, de ses débuts grunge à Los Angeles aux podiums spectaculaires qui ont redéfini l’avant-garde. Tout comme Owens, le musée ne fera pas les choses à moitié, les créations de l’Américain investiront aussi la façade et le square adjacent.
Quand ? du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026 Où ? 10 avenue Pierre 1er de Serbie, Paris 16e.
Le Centre Pompidou n’a plus que quelques mois pour marquer les esprits avant sa grande fermeture pour cinq ans de travaux courant 2025. Et quoi de plus percutant que d’exhumer l’une des avant-gardes françaises les plus radicales de l’histoire de l’art ? Plus de vingt ans après sa dernière rétro sur le surréalisme, le musée s’adapte à son époque et ne se limite pas à la célébration d’un boys club pour une rétrospective plus inclusive. L’expo rassemble les œuvres iconiques de Dalí, Ernst ou Magritte, mais aussi d’autres, plus confidentielles, d’artistes féminines telles Eileen Agar, Remedios Varo ou Suzanne Van Damme. Une révision bienvenue sur le papier, mais qu’en est-il une fois la « porte de l’Enfer » franchie ?
Quand ? jusqu'au 13 janvier Où ? Le Centre Pompidou, Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
Arte Povera
Une expo sur l’arte povera (“l’art pauvre”) dans le musée d’un des hommes les plus riches du monde, c’est un peu cocasse. Mais impossible de bouder cette rétrospective d’un courant essentiel de la scène italienne d’avant-garde, qui, depuis sa naissance à la fin des années 1960, continue d’infuser dans la création contemporaine. La Bourse de Commerce assume un véritable retour à l’essentiel en 250 œuvres (dont 50 sorties des placards du boss de Kering) et 13 maîtres du dépouillement. Mais au fait, c’est quoi l’arte povera ? Théorisé en 1967 par le critique Germano Celant, “l’art pauvre” proposait un retour à une forme de sobriété, rassemblant sous un même drapeau toutes celles et ceux qui privilégient la démarche et le discours au rendu plastique. Derrière ces bouts de bois et amas de graviers (qui se vendent désormais à des prix records) se cachait une véritable pensée politique, à contre-courant du pop art et de toutes les célébrations de la société de consommation.
Quand ?jusqu'au 20 janvier Où ?Bourse de Commerce - Pinault Collection, 2 Rue de Viarmes, 75001 Paris
Jackson Pollock : les premières années 1934-1947
De Pollock, on connaît les énormes drippings, ces toiles XXL ornées de milliers de gouttes de peinture. Ce qu’on sait moins, c’est que, dans ses jeunes années, l’Américain s’est essayé à la figuration, avant de s’en émanciper doucement pour se consacrer au geste. Une période peu documentée dans les musées que l’on découvre aujourd’hui au musée Picasso, à travers une quarantaine de toiles mais également de nombreux dessins. Que vient faire Jackson Pollock chez Picasso ? Eh bien le chef de file de l’école de New York a très tôt confessé son obsession pour le peintre espagnol, dont le style a infusé dans sa pratique, pour être ensuite digéré et intégré subtilement à un ensemble d’inspirations. Des muralistes mexicains aux surréalistes en passant par l’art amérindien, Jackson Pollock propose un corpus très référencé, bien plus complexe que celui habituellement présenté, et qui ne place pas (pour une fois) les Etats-Unis en grands dominants de la culture internationale.
Quand ? jusqu'au 19 janvier Où ? Musée National Picasso-Paris, 5 Rue de Thorigny, 75003 Paris
Tarsila do Amaral, Peindre le Brésil moderne
Sur des cimaises jaunes, vertes et bleues, c’est toute l’étendue du travail de “Tarsila” qui se dévoile en parallèle de l’histoire sociale et politique du Brésil, entre colonisation, esclavage et questionnement identitaire. Une double lecture assumée par le musée, qui propose d’apprécier la plasticité de la peintre, largement influencée par les avant-gardes européennes et ses nombreux voyages à Paris, tout en creusant le contexte dans lequel évoluait l’artiste (1886-1973), qui était blanche, bourgeoise, mais pas totalement déconnectée de la réalité de ses compatriotes.
Quand ? jusqu'au 2 février 2025 Où ? Musée du Luxembourg, 19 Rue de Vaugirard, 75006 Paris
Pop Forever, Tom Wesselmann &…
Non, le pop art, ce n’est pas seulement Andy Warhol et ses boîtes de soupe Campbell. Place à Tom Wesselmann (1931-2004), héritier du dada, auquel la Fondation Louis Vuitton consacre une expo qui le place au cœur d’un mouvement qui, sous ses airs flashy, critiquait violemment une société de consommation en pleine frénésie. Ironie du sort : Wesselmann a toujours crié haut et fort qu’il n’était pas un pop artiste, mais cet étiquetage forcé n’en vaut pas moins le détour. Le spot bling du 16e déroule la vie du peintre américain en fil rouge d’une expo XXL étendue à tous les étages. L’œuvre de Wesselmann, hyper-référencée et exigeante, tranche avec le côté grand public de ses potes pop(u) Warhol, Oldenburg ou Lichtenstein qui paradent dans les musées du monde entier. Qu’à cela ne tienne : la Fondation a passé sa collection au peigne fin, passé quelques coups de fil stratégiques, et voilà un accrochage qui mixe monographie pointue et clash artistique, featuring des pères fondateurs, des contemporains, et des héritiers comme Jeff Koons ou Ai Weiwei. Résultat : plus de 150 pièces grand format qui racontent le pop art sur un angle inédit entre rétro et expo collective – un brin casse-gueule mais ça tient !
Quand ? jusqu'au 24 février Où ? Fondation Louis Vuitton, 8 Av. du Mahatma Gandhi, 75116 Paris
Louvre Couture, objets d’art, objets de mode
Avoir 231 ans et faire sa première fois. Du 24 janvier au 21 juillet 2025, le Louvre accueillera pour la toutoute première fois de son histoire, une exposition entièrement consacrée à la galaxie de la mode. Cette rétrospective sera tricotée par Olivier Gabet et Nathalie Crinière, qui ont annoncé vouloir questionner l’influence des musées et de leurs collections sur les créateurs. Le vestiaire, qui dialoguera donc avec les œuvres du Louvre, devrait être composé de 65 tenues et 30 accessoires haute couture avec, à la volée, des créations Chanel de Karl Lagerfeld – grand arpenteur du Louvre –, ainsi que des pièces griffées Yohji Yamamoto, Dolce & Gabbana, et un focus sur Marie-Louise Carven, “la couturières des petites dames”.
Louvre Couture, objets d’art, objets de modeLouvre Couture, objets d’art, objets de mode
Quand ? du 24 janvier au 21 juillet 2025. Où ? musée du Louvre, rue de Rivoli, Paris 1er.
Du Cœur à la main : Dolce & Gabbana
En 2025, Dolce & Gabbana fêtera 40 ans de création. Et trouvera au Grand Palais un écrin à la mesure de son exposition événement inaugurée au Palazzo Reale à Milan. Des inspirations multiples du duo de stylistes (céramique sicilienne, verrerie vénitienne…) aux pièces uniques conçues à la main dans leurs ateliers, l’exposition tisse les mille et un liens entre la culture italienne et cette haute couture de la démesure que cultive la maison. À travers dix salles immersives et une scénographie aussi folle que leurs robes, on se balade dans la tête (et dans le cœur) des créateurs.
Quand ?jusqu'au 31 mars 2025 Où ? Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, Paris 8e
Suzanne Valadon
Suzanne Valadon de retour au centre – de Paris et de l’attention muséale. Si son atelier-appart a été ouvert au public en 2014 dans le musée de Montmartre, voilà plus de cinquante ans – c’était en 1967 – que l’œuvre de Suzanne Valadon n’avait pas fait l’objet d’une expo majeure. Une incongruité gommée par le Centre Pompidou qui revient du 15 janvier au 26 mai 2025 sur son parcours dans la sphère artistique de la – environ – première moitié du XXe siècle. A travers 200 œuvres – peintures et dessins – dont certaines peu ou pas montrées, Beaubourg racontera comment Valadon est devenue une personnalité clé dans l’empouvoirement des femmes artistes, entre son obstination à vouloir représenter le réel à tout prix à l’époque du cubisme et de l’art abstrait débutant, et sa représentation (pionnière par une femme) du nu masculin en grand format. Une exposition qui causera de la Bohème parisienne – Valadon fut un emblème du Montmartre musette –, et dans laquelle seront présentées des photos et des manuscrits ainsi que des tableaux d’artistes femmes contemporaines.
Quand ? du 15 janvier au 26 mai 2025 Où ? Centre Pompidou, rue Saint-Martin, Paris 4e.
Chiharu Shiota, The Soul Trembles
La dernière fois qu’on a vu Chiharu Shiota sur le sol parisien, c’était à la galerie Templon en 2023, pourla poétique expo Memory Under the Skin. Depuis, celle qu’on surnomme “l’Araignée” préparait la plus grande monographie de sa vie : The Soul Trembles. Conçue pour le Mori Art Museum de Tokyo, l’exposition s’arrête aujourd’hui sous la coupole du Grand Palais pour retracer près de 25 ans de carrière de l’artiste japonaise. Il fallait bien 1 200 mètres carrés pour accueillir les installations monumentales de Chiharu Shiota (on en compte quand même sept) ainsi que des travaux plus minutieux, photos ou vidéos de performance, tout ça rassemblé sur un parcours thématique. Y a pas à dire : le programme fait envie. Comme Jeanne Mas, la plasticienne tisse en rouge et noir un ensemble cohérent où œuvres introspectives et premiers essais dialoguent dans des espaces immersifs saisissants.
Quand ? jusqu'au 19 mars Où ? Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower 75008 Paris
Olga de Amaral
Décidément, le textile a le vent en poupe à Paris. Alors que la Japonaise Chiharu Shiota tisse ses toiles rouges du côté du Grand Palais, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, c’est la pionnière du “fiber art” Olga de Amaral qui expose ses créations XXL. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à 92 ans, la Colombienne en a encore sous la pédale du rouet. Dans une magnifique scénographie conçue par l’architecte franco-libanaise Lina Ghotmeh, l’écrin de verre du 14e arrondissement se transforme en un petit bout d’Amérique du Sud, aussi minéral que sinueux, pour mettre à l’honneur près de 90 travaux de l’artiste, dont certains n’avaient jamais quitté le sol colombien. Une rétrospective à la hauteur de l’impact d’Olga de Amaral, qui n’a cessé de repousser les limites du médium textile depuis les années 1960 en s’inspirant des paysages impressionnistes de Monet ou des brumes de Turner, s’imposant rapidement comme une figure incontournable de la scène plastique contemporaine.
Vue d'exposition (c) Olga de Amaral. Photo (c) Marc Domage
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