En 1910, Marc Chagall (1887-1985) quitte sa Russie natale pour Paris, où il plonge la tête la première dans le courant des avant-gardes. Le jeune peintre écume les salons et musées, s'installe dans la Ruche de Montparnasse et apprend à cuisiner à sa sauce les ingrédients du cubisme, avant de regagner Vitebsk en 1914. Trois ans plus tard, à l'heure où la Déclaration de Balfour promet aux juifs une patrie en Palestine, la Révolution russe éclate : ce tableau allégorique exprime l'espoir qu'elle fait naître auprès de la communauté juive de Russie (du moins celle qui, comme Chagall, adhère alors au bolchevisme). Partagée entre les formes saccadées de l'art moderne et un thème judaïque traditionnel, cette vue de cimetière évoque moins la mort que la résurrection. Sur le portail entrebâillé, Chagall inscrit ces mots tirés d'une prophétie d'Ezéchiel : « Voici que je rouvre vos tombeaux et je vous ferai remonter de vos tombeaux ô mon peuple et je vous ramènerai au pays d'Israël. » Surplombé d'un arbre informe et d'un ciel aux lignes tranchantes, l'ensemble mêle le mystique au réel dans un univers bariolé, typique de l'expression onirique de Chagall.
Mais le rêve s'étiolera vite. En 1923, le peintre quitte un régime russe qui lorgne déjà vers le totalitarisme et retourne en France, où il passera la majorité de son existence jusqu'à sa mort en 1985. Au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, quelques toiles et lithographies témoignent de sa présence essentielle parmi les avant-gardes parisiennes.
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