Aujourd'hui relativement oubliée, Pauline Viardot fut au milieu du XIXe siècle l'une des cantatrices les plus fameuses au monde. Figure de l'effervescent quartier de la Nouvelle Athènes (où se situe aujourd'hui le musée de la Vie romantique), cadette d'une famille d'artistes et petite sœur de la célèbre diva La Malibran, Viardot était une égérie romantique, admirée par Chopin, Liszt (son ancien professeur de piano qui regretta toujours qu'elle préférât chanter), Berlioz, Saint-Saëns, Fauré, Schumann et bien d'autres. George Sand, qui s'en inspira pour créer l'héroïne de son roman 'Consuelo', disait d'elle : « C'est la seule femme que j'ai aimée avec un enthousiasme sans mélange. C'est le plus grand génie de l'époque. »
Presque monochrome tant la robe noire du modèle se fond dans l'arrière-plan, la toile saisit la grâce atypique de La Viardot. Ary Scheffer (1795-1858) la décrit d'ailleurs ainsi : « Elle est terriblement laide, mais si je la revoyais de nouveau, je tomberais follement amoureux d'elle », ce qui semble bien résumer le charme paradoxal de cette « irrésistible laide », comme la qualifiait son ami Saint-Saëns. Pas belle donc, mais nantie d'une aura magnétique et silencieuse, que le peintre parvient à incarner dans les yeux sombres de la jeune fille, mais aussi dans les lignes douces de sa nuque et de sa poitrine, qui se rejoignent dans cette main blanche qui perce l'ombre du tableau. Acquise par le musée en 2010, cette effigie de Pauline Viardot trône désormais dans le quartier dont elle fut l'une des reines.
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