Dans les années 1870, Berthe Morisot (1841-1895) fait partie des représentants de ce nouveau courant qui fait tant jaser le Paris artistique : l'impressionnisme. La belle-sœur d'Edouard Manet participe notamment à la deuxième exposition du mouvement, en 1876, à propos de laquelle le critique du Figaro Albert Wolf déclarera : « Le passant inoffensif attiré par les drapeaux qui décorent la façade entre et à ses yeux épouvantés s'offre un spectacle cruel : cinq ou six aliénés dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l'ambition. » A la même époque, lors d'une vente aux enchères chez Drouot, un de ses détracteurs insulte Berthe de « prostituée », ce qui fait sortir de ses gonds son ami Pissarro et déclenche une bagarre qui oblige la police à intervenir.
Voilà pour le contexte, heurté, violent et machiste de surcroît, qui en dit long sur l'ambition et la ténacité d'une femme à la pointe de l'avant-garde. Peint en 1875, alors que Berthe Morisot maîtrise pleinement son art, 'Au bal' est l'un des tableaux les plus connus de cette coloriste virtuose, à la palette jalonnée de petites touches argentées qui donnent à sa peinture un raffinement éthéré. Ici, les formes se dissolvent, perdues dans des effets de transparence, tandis que les taches de couleur des fleurs mettent en valeur la pâleur de la jeune fille, dont le regard semble hésiter entre séduction et gravité. Longtemps sous-estimée, Berthe Morisot n'est réhabilitée que depuis quelques dizaines d'années. La rétrospective du musée Marmottan de 2012 était d'ailleurs la première monographie parisienne qui lui fut consacrée depuis un demi-siècle.
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