Des décors géométriques aux perspectives décuplées, soulignés par des ombres inquiétantes. Des personnages incomplets, mannequins de bois, figures livides, aux airs de sculptures glacées. Giorgio De Chirico (1888-1978) façonne un univers insaisissable, métaphysique, aux lignes évidentes mais à la signification obscure : fin maître de « l'incongruité » prônée quelque temps plus tard par les surréalistes, pendant les années 1910 le peintre italien construit la plupart de ses tableaux au gré d'associations d'idées intuitives et oniriques. Ainsi 'Il Ritornante' (le revenant), récemment acquis par le Centre Pompidou, réunit plusieurs motifs liés au fantasme, au passé, à l'inconscient. L'image d'un père en Napoléon III d'après un rêve qu'aurait fait De Chirico (dixit André Breton), un mannequin sans bras ni tête qui symboliserait l'incomplétude de l'artiste, une porte ouverte, menaçante, qui renverrait à un traumatisme de l'enfance (la découverte du père, mort), mais aussi des références à Nietzsche, à Pinocchio ou à la mythologie antique... De Chirico livre un tableau aux accents surréalistes avant l'heure. Une composition au sens énigmatique mais à l'aura palpable, à l'image de l'œuvre troublante de l'Italien.
• A découvrir également au Centre Pompidou :
'Bildnis der Journalistin Sylvia von Harden' d'Otto Dix
'Arlequin' de Pablo Picasso
'L'Arbre' d'Yves Klein
'Fontaine' de Marcel Duchamp
'La Fontaine Stravinsky' de Niki de Saint Phalle & Jean Tinguely
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