Le règne de Jayavarman VII voit le retour des Khmers au Cambodge et à Angkor : après un long exil, le glorieux roi reprend ces territoires. Sans doute par manque de confiance dans le shivaïsme qui n'avait pas su protéger son peuple, il se tourne vers le bouddhisme mahayana, qu'il instaure comme religion d'Etat.
Ce changement de religion engendre une nouvelle esthétique, et explique la sobriété de cette tête de grès. Le souverain apparaît très humble, les yeux baissés, apaisé. Le « sourire d'Angkor », doux et énigmatique, flotte sur ses lèvres. Dans le style du Bayon (fin XIIe-début XIIIe siècle), les sculpteurs délaissent les canons habituels de la jeunesse et de la beauté pour leur préférer un style plus naturaliste, plus dépouillé, plus sensible. Ici, pas de parure ni d'insignes de royauté : la puissance du monarque de la reconquête s'impose d'elle-même, tout en retenue, par la pureté des lignes de son crâne et l'harmonie sereine qui se dégage de la pierre. Un des chefs-d'œuvre de l'histoire de la sculpture, symbole d'une période brillante qui prendra fin au milieu du XIIIe siècle, avec le retour du shivaïsme.
A lire aussi :
Discover Time Out original video