Issue de la région du Mali, cette sculpture datée du Xe siècle est réalisée à une époque où les animistes, sous la pression de l'Islam, migrent vers le plateau dogon. Ils vont y vivre auprès d'autres peuples et développer un art nourri d'influences diverses, dont témoigne cette sculpture à l'imagerie très complexe. Icône androgyne, elle a été retrouvée dans une grotte sèche, grâce à laquelle sa structure en bois a pu être extrêmement bien conservée – bien qu'elle ait perdu un bras en cours de route, ce qui lui confère un air un peu étrange... Mais passons.
Et revenons-en à ce visage barbu qui évoque l'ancêtre dogon. A ces seins de mère nourricière, dont la poitrine semble s'affaisser à force d'avoir nourri son peuple. A ces deux figures agenouillées de part et d'autre du nombril, qui viennent illustrer le rapport de force entre l'homme et la femme. Foisonnante de sens, cette grande figure anthropomorphe était sans doute utilisée chez les Dogons pour exhorter la fertilité des femmes. Pour Yves Le Fur, conservateur au musée du Quai Branly, son approche extraordinaire l'élève au rang de chef-d'œuvre. « Le masculin/féminin, les différents attributs symboliques, les colliers, les scarifications, les bracelets... C'est tout un programme iconographique que le sculpteur a condensé dans une seule forme, très simple, très puissante et très expressive. »
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