C'est un peu le superman de la sculpture : un esprit fort dans un corps d'athlète, qui semble porter sur ses épaules tous les maux et les doutes de ce monde. Réalisé pour les Portes de l'Enfer (le célèbre monument imaginé par Rodin en hommage à la Divine Comédie de Dante), Le Penseur s'appelle d'abord Le Poète : il représente initialement l'écrivain italien, contemplant son œuvre depuis le fronton du grand portail en bronze. Ce n'est qu'en 1888 que la sculpture est exposée de manière indépendante, avant d'être agrandie en 1904. Monumental, et très apprécié du public, le nu aux muscles saillants devient alors l'une des œuvres les plus iconiques de l'artiste – séparé de Dante et de son Enfer, il bascule désormais dans l'anonymat et l'allégorie pour incarner une sorte de métaphore du questionnement existentiel. Recourbé sur lui-même, comme un grand point d'interrogation dressé face au destin de l'homme, ce Penseur en bronze planté au cœur des jardins du musée Rodin évoque le versant classique et lyrique d'un sculpteur partagé, au sommet de sa carrière, entre la rigueur académique et des formes plus évasives, inspirées du « non finito » de Michel-Ange.
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