Figure phare d'un musée Zadkine fraîchement rénové, la grande 'Rebecca' se déploie du haut de ses trois mètres sous une verrière qui la baigne de lumière. Cette sculpture en plâtre réhaussée de tons noirs et rosés tient une cruche en appui sur sa nuque : elle décline le thème de la « porteuse d'eau » qu'Ossip Zadkine avait déjà abordé à plusieurs reprises – notamment avec sa 'Stella' en bois de noyer, exposée dans la pièce avoisinante. La 'Rebecca' en plâtre, elle, provient d'une empreinte prise directement sur un bois de cormier. Sculptée à l'origine dans le tronc de l'arbre, on y voit encore le fil du bois et l'impact des outils (gouge, gradine, ciseaux) qui ont servi à le tailler, comme autant de traces du passage de l'artiste d'origine russe.
« 'Rebecca' permet de comprendre pourquoi Zadkine a été qualifié de "sculpteur nègre" par la critique, dans les années 1920 », nous confie Véronique Koehler, responsable des collections du musée. Jambes courtes, torse démesurément allongé, pied gauche dont la forme s'abolit soudainement pour se résumer à une sorte de dessin... A contre-courant des canons classiques, ce corps tout en disproportions et en étirements lorgne vers la sculpture africaine. « Cette construction inattendue des formes fait toute la force de cette figure, poursuit Véronique Koehler. Dans la tradition de l'art africain, la représentation du corps humain ne correspond pas à la restitution exacte de ce que l'on voit, mais à une transcription très libre et expressionniste de cette réalité. C'est un langage qui était spontanément naturel à Zadkine. »
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