Dans la continuité d'un
Centre Pompidou pétulant et coloré, planté comme une incongruité au milieu de l'un des plus vieux quartiers de Paris, la fontaine Stravinsky, avec ses couleurs éclatantes et ses formes naïves, est l'autre touche de fantaisie de Beaubourg. Aux commandes de ce projet de 1983, deux artistes proches du Nouveau Réalisme, sorte de pop art à la française : Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, alors mariés depuis douze ans. Pour cette fontaine conçue comme un hommage au compositeur russe, les deux sculpteurs tentent de donner corps à la musique. Tandis que les sculptures vives de Niki de Saint Phalle renvoient à 'L'Oiseau de feu' ou au 'Sacre du printemps' notamment, les installations mouvantes de Jean Tinguely forment un ballet mécanique, qui travaille aussi sur le son (des jets d'eau, des constructions métalliques). Ce n'est pas un hasard si l'œuvre se situe au pied de l'IRCAM, l'Institut de recherche en musique contemporaine.
Avec ses airs enfantins, ses sirènes pulpeuses, ses rondeurs et ses machinations brinquebalantes, la 'Fontaine des automates', en mouvement perpétuel, dégage quelque chose de ludique, d'insouciant, mais aussi d'insaisissable, qui relève de la magie ou du surréel. D'ailleurs, qu'il la regarde s'agiter aux pieds du Centre Pompidou, dont elle paraît être une excroissance, ou qu'il l'observe de l'autre sens avec en toile de fond l'église Saint-Merri, le visiteur percevra différemment cet exubérant mécano. Une œuvre à la croisée des disciplines, entre architecture, sculpture, musique, peinture, mécanique et design urbain.
• A découvrir également au Centre Pompidou : 'Bildnis der Journalistin Sylvia von Harden' d'Otto Dix 'Il Ritornante' de Giorgio De Chirico 'Arlequin' de Pablo Picasso 'Fontaine' de Marcel Duchamp
'L'Arbre' d'Yves Klein