Une envie soudaine d'honorer la Chandeleur (voire la Chandelours) ou un furieux désir de Bretagne ? Peu importe, vous êtes à la recherche d'une TRES bonne crêperie. Bonne nouvelle : la capitale se défend pas mal quand il s'agit de faire chauffer le billig. Oubliez les crêperies lambda. Voici où manger une complète d'anthologie, ou faire une pause sucrée pour le goûter dont vous vous souviendrez longtemps !
Il est parfois difficile de retracer le chemin entre une fête populaire et ses origines. Souvent, elles puisent leurs sources dans des cultes païens ancestraux, célébrés dans des milieux ruraux et à une époque où la tradition écrite était loin d’être répandue. Peu de traces de ces coutumes nous sont donc parvenues. D’autant plus que l’Eglise s’est appliquée à gommer de façon quasi-méthodique toutes ces réjouissances profanes, y substituant des fêtes chrétiennes comme pour mieux faire passer la pilule ecclésiastique.
Il en va ainsi de la chandeleur, honorée le 2 février de chaque année et dont les racines précises sont assez difficiles à déterminer. On évoque des croyances romaines, celtes et païennes, célébrant toutes la fin de l’hiver et des terres gelées, la purification et le renouveau. On y brûlait des chandelles ou des flambeaux, des lumières en forme d’amulettes pour attirer les bons présages et implorer la bienveillance des dieux sur les semailles et les récoltes à venir. Au Ve siècle, le pape Gélase Ier, voyant d’un mauvais œil ces feux de joie et autres processions paysannes, remplace les torches par des chandelles bénites et transforme cette fête en une commémoration chrétienne, d’abord liée à la purification de la Vierge, puis à la présentation du Christ au Temple. C’est d’ailleurs ce même pape qui aurait introduit les crêpes dans la coutume, en offrant alors aux pèlerins tout juste débarqués à Rome de fines galettes confectionnées avec de la farine et des œufs.
Voilà pour le versant historique classique, mais il y a une autre version qui a retenu notre attention : la légende de l'ours. On lit parfois qu'entre le XIIe et le XVIIIe siècle, il courrait dans les campagnes françaises une vieille coutume, veillant à célébrer bruyamment la période où l'ours sortait enfin de son hibernation. On fêtait alors ce retour à la vie à grands coups de processions carnavalesques, de bals, de simulation d'enlèvement de jeunes filles, de chasses à l'ours fictives... Autant vous dire que le clergé devait apprécier. Le nom même de la chandeleur se déformait alors audacieusement, devenant la « chandelours ». L'hypothèse n'est pas complètement avérée, certes. Mais elle se rapproche de plusieurs croyances établies dans d'autres pays, comme en Amérique du Nord où le 2 février correspond au jour de la marmotte. La coutume veut que l'on observe le terrier d'une marmotte. Si celle-ci en sort joyeusement, c'est le signe que les jours les plus durs de l'hiver appartiennent au passé. Si, au contraire, elle préfère s'en remettre à la chaleur de son doux terrier, mauvais augure : les mauvais jours ne sont pas près de s'en aller. Selon les pays et les régions, les animaux diffèrent, mais l'on retrouve souvent ce genre de traditions liées au réveil des hibernants.
Evidemment, ces révélations ne devraient pas changer le cours de votre vie, et le plus important dans la chandeleur, c'est bien sûr les crêpes – on vous a d'ailleurs préparé un dossier avec nos crêperies parisiennes préférées –, mais désormais vous savez que le 2 février, pour les manger, vous n'êtes pas obligé de fêter la présentation du Christ au Temple. Vous pouvez tout aussi bien les faire sauter (en tenant une pièce dans votre main gauche pour la chance), avec une pensée pour le roi des animaux déchu.