1. Celui qui crie n’est pas celui qu’on croit
A première vue, ‘Le Cri’ de Munch représente un être qui, effrayé par une chose hors-champ, se met à pousser un cri de terreur. Or, ceci est une interprétation erronée ! En vérité, le personnage central du tableau – qui ne serait autre que le peintre lui-même, à en croire la note associée à cette œuvre – est bel et bien horrifié, mais par un hurlement qui ne sortirait pas de sa bouche. Et il ne se prendrait pas la tête dans les mains, comme on l’imaginait, mais se boucherait les oreilles en entendant ce cri glaçant venu d’ailleurs. Voire peut-être irréel et fruit d’une hallucination, compte tenu de la dimension autobiographique de cette œuvre. Homme tourmenté et hanté par une enfance difficile, Edvard Munch était en effet la proie de délires fantasmagoriques. En témoigne un texte de son journal de notes, faisant directement allusion au ‘Cri’ : « Le soleil se couchait. […] Le bleu, pâle et terne, le jaune et le rouge taillaient le fjord. Le rouge sang explosait et éclaboussait le sentier de la rambarde... J'ai senti monter un grand cri et j'ai entendu ce grand cri. » Cette toile serait donc l’incarnation de son mal-être, d’où sa puissance perturbante.