Evidemment, le cinéma a quelque chose à voir avec le voyeurisme – ne serait-ce que par la position dans laquelle il place ses spectateurs. Mais à une époque où Big Brother est sorti du roman d'Orwell pour devenir une émission de téléréalité, il paraît intéressant de considérer comment le septième art a pu interroger, au cours de son histoire, les différentes modalités d'observation ou de surveillance que permet la caméra (ou, à proximité, l'appareil photo).
Ainsi, dans les années 1950 et 60, la pellicule apparaît d'abord comme le témoin, parfois gênant, de crimes passés inapercus, dans la veine de 'Fenêtre sur cour' d'Hitchcock ou 'Blow Up' d'Antonioni. Voire, avec 'Le Voyeur' de Michael Powell, l'appareil photo se fait plus brutalement oppresseur, prédateur et meurtrier. Toutefois, assez vite, le cinéma développe l'idée que cette question de la surveillance dépasse le cadre de l'individu, pour atteindre une dimension collective, omniprésente, comme dans le monde de transparence généralisé décrit par Tati dans 'Playtime'.
Plus récemment, c'est toutefois vers la télévision et Internet, médias à la fois plus récents et oppressants, que les cinéastes trouvent leur inspiration pour décrire une société de contrôle global, où les crimes deviendraient prévisibles ('Minority Report', d'après la visionnaire nouvelle de Philip K. Dick), le réel une émission de divertissement ('The Truman Show' de Peter Weir, 'Reality' de Matteo Garrone), ou la communauté une menace d'oppression ('Dogville' de Lars von Trier).
Autant dire qu'à travers son cycle 'Panoptismes', la Cinémathèque invite manifestement à une certaine forme de paranoïa, plus ou moins lancinante. Mais qui, mieux que le cinéma, saurait finalement nous parler des caméras qui nous entourent ?
'Panoptismes', à la Cinémathèque française
Jusqu'au 19 janvier
51 rue de Bercy, Paris 12e
Le programme complet : ici