Comme l’art de découper le poisson ou celui d’attacher ses partenaires, le bar audiophile est d’abord une passion japonaise. Nés autour de l’amour du jazz lorsque l’empire s’ouvrait à l’Occident dans les années 30, les jazz kissaten (soit cafés jazz en français) plaçaient la musique, l’écoute et l’atmosphère avant la limonade. Dans l’immédiat après-guerre, ils furent même les seules oasis pour mélomanes dans un pays ruiné où les disques étaient inabordables.
A l’heure de la musique dématérialisée et de la nostalgie triomphante, le concept de bar d’écoute s’est exporté, notamment en France où tout ce qui vient du Japon représente la quintessence de l’élégance intemporelle.
Le cahier des charges de ces comptoirs pour mélomanes comprend lumière tamisée, matériel hi-fi digne d’un rêve humide d’ingé-son et collection de vinyles pléthorique (dépassant largement le cadre du jazz). Les bars audiophiles parisiens proposent aussi une ambiance nettement plus festive que leurs ancêtres nippons. Ici, on mange et on écoute mais on peut aussi on pousse les tables et on danse en profitant d'une qualité sonore cinq étoiles.