Gustave Courbet, 1866
Tout a été dit sur cette œuvre, certainement la plus célèbre de Gustave Courbet, dont le titre, à lui seul, ressemble à une provocation : sans Genèse ni Big Bang, l'origine du monde serait donc simplement un sexe de femme, sensiblement entrouvert, et offert au regard. Lieu dérobé d'où le désir émerge, et où il aboutit. Sans visage, sans bras ni jambes, le tronc de cette femme anonyme, vulve en gros plan, apparaît ainsi à la fois comme un savoureux blasphème de l'athée et communard Courbet, et comme un acte fondateur de la pornographie en art...
Inutile d'en tartiner des caisses sur l'urinoir – pardon, la 'Fontaine' signée R. Mutt – de Marcel Duchamp : depuis le milieu du XXe siècle, la majeure partie de l'art contemporain s'échine à courir après ! Souvent péniblement d'ailleurs ; c'est même tout le problème. Car en s'affranchissant de l'ensemble des conventions et valeurs admises jusqu'à lui, l'ex-Dada pince-sans-rire a réussi à plonger le milieu de l'art dans une aporie que ses multiples – et paresseux – suiveurs (Hirst, Koons et leurs comparses) ne sont pas près de résoudre. Encore faudrait-il qu'ils en aient envie...
Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1814
Parfois, en art, la subversion ne tient pas à grand-chose. Trois petites vertèbres peuvent suffire à remettre en cause l'histoire et les conventions. Trois vertèbres qu'Ingres ajoute au dos de sa demoiselle de harem, dans un mépris total de l'anatomie et de l'enseignement de son maître, Jacques Louis David. Trois vertèbres comme un manifeste : n'en déplaise aux critiques et aux gardiens du temple qui le dénoncent alors violemment, Ingres montre ici à quel point l'art n'est pas soumis à un quelconque réalisme, le peintre pouvant parfois sacrifier la vraisemblance au profit de la beauté...
Constantin Brancusi, 1915-1916
Non, vous ne venez pas d'atterrir dans un sex shop de luxe, à deux pas du Marais. Et madame, cette créature onctueuse coulée dans du bronze poli n'est pas un godemiché, mais une princesse. Alors évidemment, tout le monde n'est pas franchement de cet avis : en 1916, la morphologie phallique de cette sculpture de Constantin Brancusi lui vaut d'être exclue du Salon d'Antin puis, en 1920, du Salon des indépendants (avant d'y être réintroduite grâce à une pétition signée par une flopée d'amis artistes). Il faut dire que cette 'Princesse X', née en pleine ère dada...
En 1816, la fière Méduse, frégate française partie coloniser le Sénégal, s'échoue lamentablement sur un banc de sable. Comme les chaloupes sont trop peu nombreuses, 150 hommes doivent construire un radeau pour tenter de rejoindre la terre ferme. S'ensuivent treize jours de cauchemar où les survivants, rendus fous par la soif et la faim, s'entretuent et se livrent à des actes de cannibalisme. Ils ne seront que dix à en réchapper. Pendant trois ans, Théodore Géricault se documente sur le sujet, tentant de concilier l'art et le réel...
Espèce d'impressionniste ! Difficile à croire, mais en 1874, cette petite vanne était censée envoyer du lourd. Au mois d'avril de cette année-là, à l'occasion d'une exposition dans l'ancien atelier de Nadar, le critique d'art Louis Leroy se trouvait en effet pour la première fois devant 'Impression soleil levant' : décontenancé par cette toile tout en formes schématiques et en empâtements, le journaliste s'insurgea contre son expression d'apparence brouillonne, inventant dans un article cinglant l'« insulte » qui allait donner son nom au célèbre mouvement d'art...
Edouard Manet, 1863
Voilà une œuvre qui a bouleversé le monde de l'art, jusque-là encore engoncé dans l'académisme. Présenté au Salon des Refusés de 1863, 'Le Déjeuner sur l'herbe' provoque le scandale, tant pour son propos que pour sa facture. Avec cette scène champêtre, Manet fait un pied de nez aux goûts de son époque (dominée par un érotisme pompier) et réussit à choquer avec la chose la plus banale qui soit en peinture : un nu féminin. Car son nu à lui, Manet le place entre deux hommes...
Parmi les grands hommes de son époque dont Rodin s'est échiné à dresser le portrait, cherchant à figer dans le plâtre, la pierre ou le bronze toute leur puissance intellectuelle et physique, Victor Hugo et Honoré de Balzac sont sans doute ceux que le sculpteur a représentés avec le plus d'obstination. Commandé par la Société des Gens de Lettres, ce monument à Balzac sur lequel l'artiste œuvra pendant six longues années fit scandale : jugé trop expérimental par les pourfendeurs de l'académisme, il fut rejeté par ses commanditaires en 1897...
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