Gustave Moreau, 1876
Dans cette sélection d'œuvres majeures à contempler au détour des rues et des musées parisiens, il nous était difficile de passer à côté des peintures de Gustave Moreau. D'abord parce que cet artiste du XIXe siècle est incontestablement l'un des grands maîtres du symbolisme et que son œuvre, créée à contre-courant de toute forme d'académisme, offre à qui veut bien l'observer un dépaysement étrange, poétique et fascinant. Ensuite parce que l'homme a vécu à Paris et qu'à la fin de sa vie il a choisi de léguer son atelier et la totalité de ses œuvres à l'Etat français...
Rembrandt, c. 1628
Pas un, ni deux, mais trois Rembrandt. C'est le genre de gâteries qu'on peut inscrire sur sa liste de courses quand on s'appelle Edouard André, qu'on a du flair, des lingots d'or et une envie irrépressible d'ériger une collection de chefs-d'œuvre des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Parmi les trois toiles du maître hollandais que le fils de banquier, sponsorisé par le portefeuille de papa, s'offre sous le Second Empire, ce tableau de jeunesse est peut-être le plus saisissant. Episode biblique rendu de manière très sobre...
Des décors géométriques aux perspectives décuplées, soulignés par des ombres inquiétantes. Des personnages incomplets, mannequins de bois, figures livides, aux airs de sculptures glacées. Giorgio De Chirico (1888-1978) façonne un univers insaisissable, métaphysique, aux lignes évidentes mais à la signification obscure : fin maître de « l'incongruité » prônée quelque temps plus tard par les surréalistes, pendant les années 1910 le peintre italien construit la plupart de ses tableaux au gré d'associations d'idées intuitives et oniriques...
Au premier plan, un jeune homme gracieux, le cou légèrement penché en arrière, les yeux rivés vers le ciel. Au second, une figure étrange, aux traits renfrognés et indistincts, qui pose une main osseuse sur l'épaule de l'éphèbe. Devant, le jour ; derrière, la nuit. Irrémédiablement unis par le bloc de marbre dans lequel ils ont été taillés, ils sont profondément divisés par leur style : aux traits délicats de l'un – le portrait du marquis Henri de Bideran qu'Antoine Bourdelle trouvait « beau comme le jour » – répond le visage houleux de l'autre...
En 1910, Marc Chagall (1887-1985) quitte sa Russie natale pour Paris, où il plonge la tête la première dans le courant des avant-gardes. Le jeune peintre écume les salons et musées, s'installe dans la Ruche de Montparnasse et apprend à cuisiner à sa sauce les ingrédients du cubisme, avant de regagner Vitebsk en 1914. Trois ans plus tard, à l'heure où la Déclaration de Balfour promet aux juifs une patrie en Palestine, la Révolution éclate : ce tableau allégorique exprime l'espoir qu'elle fait naître auprès de la communauté juive de Russie...
Prix de Rome, médaillé dans de nombreux salons, membre de l'Académie des beaux-arts, grand officier de la légion d'honneur : la carrière de Jean-Jacques Henner est celle d'un peintre reconnu en son temps, d'un artiste en vue qui resta relativement imperméable aux avant-gardes. Même si, à une époque où tout le monde semblait se positionner pour ou contre l'impressionnisme, Henner, lui, ne fut pas dogmatique, soutenant même Manet à l'occasion. Mais qui dit célébrité dit caricature : on a surtout retenu de lui ces femmes lascives et dénudées à la chevelure rousse...
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