Piochant un ingrédient là, une épice ici, Mory Sacko joue à domicile, détendu et efficace. Le menu Migration, annoncé en six temps mais qui ouvre le bal avec quatre amuse-bouches très travaillés (comme cette aérienne bouchée au homard et mousseline de pomme de terre), se révèle une promenade gastronomique dans le jardin zen mental du cuisinier, profilée pour l’étoile. On y fourchette de grands petits plats comme cette bouillabaisse au maquereau, rouget et gombo farci ample et rassurante dans sa fausse simplicité ; ce sushi qui marche à l’omble escorté d’une volute de beurre blanc ; ce tronçon d’aubrac grillé au bichotan où le mafé apparait comme une évidence ; ou un dessert de citron et champignon avec un étonnant caramel au shiitaké. La carte des boissons carbure à cette triple inspi et des prix turbo : saké Dassai 23. Un beau voyage.
Entre ses grandes avenues et boulevards impersonnels, le 14e cache son jeu dans de petites enclaves préservées, où règne encore cette vie de village qui constitue historiquement le quartier. De la piétonne et marchande rue Daguerre, animée comme un petit marché à ciel ouvert, à la pittoresque et secrète rue des Thermopyles où les graffeurs battent le pavé, le coin a son lot de promenades bucoliques et bien achalandées. Côté restos, c’est la fête à la tambouille avec une pluie d’adresses témoignant du multiculturalisme du quartier : repaire berbère, boui-boui vietnamien, casse-croûte arménien ou comptoir coréen, vous aurez de quoi faire voir du pays à votre palais sans exploser votre CB, ni votre empreinte carbone. Bref, pas besoin de prendre le train pour voyager au sud de Montparnasse !