Akiyoshi Yuichiro, débarqué de Fukuoka juste après le Covid, a ouvert dans un bout perdu de 15e le premier restaurant chakaiseki de France. Quoicoubeh le chakaiseki ? C’est la succession extrêmement codifiée et chorégraphiée d’assiettes qui aboutissent à la cérémonie du thé au matcha, un breuvage trop amer pour le consommer directement (dit-on). Un moment de grâce et d’élégance nipponne de deux heures, hors du temps, à apprécier dans un silence respectueux. Des plats, dont la préparation face à nous fût aussi mémorable que le goût, on retient un puissant sushi pressé (sabazushi) au maquereau grillé à manger dans sa feuille de shiso et de nori, ou un tendre sashimi de sériole sous une électrisante sauce ponzu gélifiée. Attention au prix (160 € au minimum le midi en buvant de l’eau nature !).
Oui, le 15e existe aussi sur la carte du fun à Paris. Certes, l’arrondissement le plus vaste de la capitale est loin d’en être le plus faste, mais sa densité de coolisation est en réelle voie d’augmentation. En témoignent les ouvertures récentes de chouettes hôtels éparpillés dans le quartier, et la poussée d’une poignée de barav’ aussi beaux que nature. Mais si on emprunte la ligne 8 pour s’y aventurer, c’est surtout pour goûter à l’un des divins restaurants coréens dont le coin abonde, ou pour fuir le bruit du monde en s’offrant une vraie pause dans sa vie de village riche en espaces verts. Preuve ultime du dépaysement suscité : d’ici, on voit même la statue de la Liberté. Paris, c’est loin.