Exit le Cyrano, antique caboulot où venaient se mettre un coup dans le nez (lol) André Breton et ses surréalistes. Et welcome le Cyrano version bistrot ! Les mosaïques Art nouveau, les peintures sous verre et les miroirs piqués d’époque ont été repris par une équipe venue du Café Noir, qui ouvre du premier kawa du matin au dernier verre le soir. Charleyne Valet, cheffe autodidacte passée par NordNord, cuisine pour dîner de petites assiettes d’inspi méditerranéenne. Par exemple : un vitello tonnato tout en onctuosité et – bonne idée – agrémenté de salicornes (10 €), ou une caponata, un velours de ratatouille d’aubergine (9 €). À la carte des vins, l’incompréhensible absence de bergerac se rattrape par une sélection certes ramassée (une quinzaine d’étiquettes), mais pas à la ramasse et déclinée au verre pour toutes les quilles. Le midi, sympathique formule entrée/plat à 18 €.
Dans l’imaginaire commun du Parisien, Batignolles rime étrangement moins avec gnôle qu’avec poussettes ou chauffards en costard sur trottinette. Familial et bien peigné, le quartier est pourtant loin de s’endimancher, et commencerait presque à se dévergonder. Outre l’arrivée du club Virage, friche estivale en plein air à la prog bien énervée, on constate une recrudescence de caves à manger pas bégueules dans le coin ces dernières années, et un degré d’ambiançage de plus en plus élevé. De quoi pimenter la vie de quartier déjà séduisante de ce 17e arrondissement biberonné aux marchés, parcs et squares gaiement animés, et de donner envie de s’éterniser.