C'est en face du palais du Luxembourg que Cristina et Pierre Chomet ont ouvert Tina, un bar à tapas plus ibère qu’un film d’Almodovar projeté sur un plat à paella. Le petit menu affiche des classiques de l’exercice (guildas de boqueron, pan con tomate, pata negra…) et aussi des créas comme ce croque au brie et sobrasada. Les réussites s’enchaînent : édredonesque tortilla accompagnée d’une purée de poivron (6,50 €) ; gaspacho d’amande doux et graphique avec ses gouttes d’huile pimentée et ses miettes de maïs frit (7 €), rassurantes croquetas au poulet (8 €) … Le bémol ? L’assiette de pain à la tomate, facturée à 4 € les quatre petites tartines, plus adaptée au salaire de Gérard Larcher qu’à son appétit. On picole avec moderación et les trentenaires dorés du quartier des bières ibères, des vins blancs franco-espagnols (coteaux-du-lyonnais de Rostaing-Tayard, galicien Mixtura 2022…), des vermouths de la péninsule… Au final, ça fait plaisir de voir une adresse qui se rappelle que les tapas viennent d’Espagne.
Voilà quelques années qu’on entend le tout-venant vanter le “renouveau” de Saint-Germain-des-Prés. Grâce à une poignée de nouveaux spots bien achalandés, le 6e serait plus cool, plus festif, moins embourgeoisé. Spoiler : si les prix n’ont pas changé (voire ont augmenté), l’esprit du quartier semble effectivement avoir évolué dans le bon sens. La musique y a repris ses droits, dans une jolie brochette de bars et clubs branchés jazz, house ou italo-disco, et l’héritage littéraire et arty du coin ne cesse de se réinventer via de nombreux festivals, galeries ou hôtels aux visages résolument humains. De ses emblématiques comptoirs à la bonne franquette à ses nouveaux rooftops, clubs et bars à cocktails XXL, le 6e ne boude pas son plaisir une fois la nuit tombée – et on est de plus en plus tentés d’aller y passer nos soirées, après avoir écumé ses librairies et cafés toute la journée. Sus au six !